La tension est vive dans les rues de nombreuses villes du pays suite à la décision prise la semaine dernière par le gouvernement de mettre fin aux subventions sur le carburant. Une mesure qui s’inscrit dans une cure d’austérité amorcée depuis la chute d’Omar el-Béchir, pour rentrer dans les clous fixés par le FMI.
Un mois après la conférence de Paris, les autorités de transition continuent de se conformer aux normes financières internationales en vue d’un allègement de la dette soudanaise. Mais ces réformes passent très mal, alors que la population est déjà durement touchée par la crise économique,
Du jour au lendemain, le prix du gallon d’essence à la pompe a presque doublé. Une inflation soudaine qui s’est répercutée sur le quotidien de tous les Soudanais. Flambée des prix des produits de base, augmentation du coût des tickets de bus, venant s’ajouter à des coupures d’électricité, des pénuries d’essence ou de médicaments déjà incessantes depuis plusieurs mois.
Des manifestations sporadiques ont donc éclaté aux quatre coins de Khartoum. Des dizaines, parfois des centaines de personnes se réunissent spontanément, de jour comme de nuit, lèvent des barricades et enflamment des pneus. Certains souhaitent le retrait de la réforme, d’autres exigent la chute du gouvernement.
Le ministre de l’Économie Gibril Ibrahim, a affirmé qu’il continuerait sur la voie de la libéralisation de l’économie, considérant que c’est « la seule voie possible pour remettre le pays sur ses rails ». Pour le parti communiste et l’association des professionnels soudanais, c’est une mesure injuste qui revient à prendre directement dans la poche des citoyens sans remettre en cause le poids l’armée dans le budget de l’État.
Samedi12 juin, la police a réprimé de nombreux attroupements. Plusieurs comités de résistance ont fini par appeler au calme et ont suspendu les appels à manifester. Ils dénoncent la présence de nombreux partisans d’Omar el-Béchir, qui profiteraient de la situation pour générer le chaos. Si la situation dégénère, beaucoup craignent une réaction autoritaire du pouvoir en place.