Ouvert le lundi 29 mars, le procès des trois pilotes qui ont mené le bombardement du camp français de Bouaké en 2004 était particulièrement attendu par les familles des victimes. Ils ont été jugés par contumace, aucun suspect n’ayant jamais été mis en détention dans le cadre de l’affaire.
Les trois pilotes ivoiriens et biélorusse qui étaient jugés pour avoir mené le bombardement du camp français de Bouaké ont été condamnés à perpétuité. La décision a été rendue ce jeudi 15 avril 2021, par la Cour d’assises de Paris.
Le mercenaire biélorusse Yury Sushkin et les Ivoiriens Ange Magloire Gnanduillet Attualy et Patrice Ouei ont été reconnus coupables d’avoir mené l’attaque qui a coûté la vie à neuf soldats français et un civil américain. L’opération avait eu lieu en 2004 dans le contexte de la crise ivoirienne des années 2000, qui a opposé le nord du pays défendu par des rebelles, au sud loyal au président Laurent Gbagbo.
Au début du mois de novembre 2004, alors qu’une offensive aérienne était lancée par l’ancien président contre les positions rebelles dans le nord, deux avions-chasseurs ivoiriens qui survolaient un camp français à Bouaké dans le centre du pays avaient tiré des roquettes contre les forces de l’opération française Licorne, tuant dix personnes.
Si cette attaque a entraîné une réaction immédiate de l’armée française qui a immédiatement détruit l’aviation ivoirienne, de nombreuses questions avaient surgi au fil des années quant à l’attitude passive de la France concernant l’arrestation des commanditaires et des pilotes impliqués dans l’affaire. Selon plusieurs membres de la famille des victimes, mais également plusieurs fidèles du président Gbagbo, toute cette affaire ne serait qu’une « manipulation française » qui a mal tourné.
Le gouvernement français de l’époque aurait essayé de simuler une attaque visant ses propres soldats, afin de déclencher une réaction française contre Laurent Gbagbo qui n’était pas connu pour être un « ami » de la France. Malheureusement, les choses auraient dégénéré, affirment toujours les partisans de la thèse complotiste, ajoutant que depuis lors, Paris essaye de cacher la vérité et les commanditaires de l’attaque.
Ainsi, aucun des commanditaires ni des membres du commando qui a tiré sur le camp français de Bouaké n’ont jamais été arrêtés. Les 3 pilotes condamnés à perpétuité n’ayant jamais pu être mis en détention, leur procès s’est déroulé par contumace.
Pour Jean-Christophe Müller, l’avocat général qui a requis cette peine, cette condamnation à perpétuité, plus grave sanction pénale en France, est justifiée par la préméditation qui a caractérisé ce bombardement. « Cette peine, je l’aurais requise dans les mêmes conditions, si ces personnes étaient ici, si elles s’étaient défendues, parce que ce qui justifie cette peine, c’est la violence inouïe des faits », a-t-il déclaré.
Moutiou Adjibi Nourou