Pendant sa présidence, le Tanzanien John Magufuli avait fait preuve d’un « covidoscepticisme » qui lui a attiré les critiques de l’opposition. L’actuelle présidente, Samia Suluhu, réputée plus « réfléchie » était particulièrement attendue sur cette question.
La Tanzanie s’apprête à adopter un nouveau tournant dans sa politique de lutte contre le coronavirus. Dans une déclaration publique faite le mardi 6 avril 2021, la nouvelle présidente Samia Suluhu (photo) a publiquement désavoué la stratégie de gestion de la pandémie, adoptée par son prédécesseur, John Magufuli.
A l’occasion d’une cérémonie d’investiture de nouveaux membres du gouvernement, la dirigeante a estimé qu’il n’était « pas bon » d’ignorer la covid-19. Cette déclaration fait référence à l’attitude de l’ancien président qui consistait à nier l’existence de la maladie dans son pays.
Refusant d’imposer les mesures restrictives qui ont pourtant fait l’unanimité au sein de la communauté internationale pour freiner la propagation du virus, John Magufuli avait préconisé des prières pour protéger la population, avant de déclarer que son pays avait été « libéré » de la maladie.
Samia Suluhu semble au contraire décidée à prendre plus au sérieux la pandémie. Dans ce sens, elle a annoncé la création d’un comité d’experts dont la mission sera de conseiller le gouvernement sur la stratégie anti-coronavirus à adopter.
« Nous ne pouvons pas le rejeter [le coronavirus, Ndlr] ou l’accepter sans les conclusions de la recherche », a-t-elle indiqué. Les experts « nous en diront plus sur la pandémie, et nous conseilleront sur ce que le reste du monde propose. Nous ne pouvons pas tout accepter les yeux fermés, mais nous ne pouvons pas non plus nous isoler comme si nous étions une île tandis que le monde avance dans une autre direction », a-t-elle ajouté.
Pour rappel, Samia Suluhu Hassan était la vice-présidente de John Magufuli décédé brutalement le 17 mars 2021. Ayant pris sa succession deux jours plus tard, et pour les quatre prochaines années, elle est devenue la première femme présidente du pays. Plusieurs observateurs attendaient de voir si elle poursuivrait la politique de Magufuli ou si elle s’en affranchirait.
Ainsi cette première prise de décision en rupture complète avec celle de son prédécesseur semble indiquer que cette femme de 61 ans originaire de l’île de Zanzibar veut donner une nouvelle orientation à la politique tanzanienne, du moins pour les années que durera son mandat.
Moutiou Adjibi Nourou