Depuis quelques années, la Russie est devenue un partenaire privilégié pour Bangui dans la lutte contre les groupes armés dans le pays. Ceux-ci ont d’ailleurs lancé une offensive soutenue par l’ancien président François Bozizé qui a été nommé « coordonnateur général » de la coalition rebelle.
Lors d’une conférence de presse organisée cette semaine, l’ambassadeur de Russie près la République centrafricaine, Vladimir Titorenko, est revenu sur les tensions sécuritaires qui minent le pays. Face aux journalistes, le représentant du Kremlin n’a pas hésité à menacer l’ex-chef d’Etat centrafricain François Bozizé (photo) qui s’est allié aux rebelles pour faire tomber le président Faustin archange Touadéra.
François Bozizé « a déjà perdu son poste de chef de la CPC. Il est juste coordonnateur. Il y a une seule solution à ce problème : soit Mr Bozizé et les autres leaders des groupes armés qui sont sur la liste de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU laissent la lutte armée contre le gouvernement, soit ils continuent leur lutte, je ne peux pas exclure que pendant les opérations militaires qu’ils soient neutralisés par les forces armées de votre pays », a indiqué l’ambassadeur Titorenko.
Cette déclaration fait écho au regain de violences qui a eu lieu en Centrafrique en marge de l’élection présidentielle du 27 décembre 2020. Contestant le scrutin, plusieurs groupes armés se sont rassemblés au sein d’une Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et ont mené une offensive pour prendre le contrôle de la capitale Bangui. Sa candidature ayant été rejetée par la Cour constitutionnelle en raison des sanctions de l’ONU, François Bozizé avait soutenu la CPC lors de cette offensive avant d’en être nommé coordonnateur général.
Depuis plusieurs années, la Russie s’est imposée comme un acteur majeur dans la résolution de la crise centrafricaine. Non seulement Moscou achemine du matériel militaire au profit des Forces armées centrafricaines, mais a également déployé des centaines de soldats sur le terrain. Début janvier 2021, une lettre de l’ambassadeur russe révélait l’intention du pays de renforcer son engagement militaire en Centrafrique, en faisant intervenir son aviation.
Rappelons que cette déclaration n’est pas la première sortie incendiaire du diplomate contre l’ancien président Bozizé. « Nous rejetons les efforts de quelques pays voisins d’imposer sur les autorités de ce pays, le dialogue avec des personnes comme monsieur Bozizé, parce que c’est un criminel et il n’y a pas de dialogue avec les criminels. Il doit être arrêté et jugé par la loi de ce pays, ou, peut-être, par la Cour pénale internationale à La Haye », avait-il déclaré lors d’une interview accordée à RFI.
Pour de nombreux observateurs, ces déclarations peuvent être perçues comme une ingérence de la Russie dans les affaires centrafricaines. « Il n’a pas le droit de sortir du cadre de la diplomatie pour se mêler de la question qui concerne la cohésion de la vie en République centrafricaine », s’indignait à ce propos Joseph Bindoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme cité par la Deutsche Welle.
Moutiou Adjibi Nourou