En conférence de presse ce vendredi 26 mars, le M2D déplore la situation actuelle du Sénégal après les manifestations qui ont eu lieu suite à l’arrestation de Ousmane Sonko. Ils dénoncent le discours du gouvernement et de “mercenaires de la plume”, qu’ils qualifient de “tentative division sur fond de clivages ethniques, religieux ou régionalistes”. Ils refusent aussi tout report des élections locales en 2022.
Voici, l’intégralité de leur communiqué
“Le Mouvement pour la défense de la Démocratie (M2D) remercie tous les Sénégalais, de l’intérieur du pays comme dans la diaspora, pour l’élan de solidarité, le soutien indéfectible et l’implication de tous dans la défense des acquis démocratiques.
Le peuple sénégalais, dans son ensemble, a encore démontré toute sa grandeur et son aversion de la domination et de l’arbitraire quelle qu’en soit la forme.
Dans cette noble lutte, les femmes et les jeunes ont été en première ligne. Nous leur témoignons de notre profonde gratitude pour le courage et l’admirable résilience dont ils ont fait preuve lors des tristes journées de cet inoubliable mois mars 2021. Cela démontre clairement leur attachement au respect de l’État de droit et à la préservation des acquis démocratiques de notre pays. La nation sénégalaise est fière de vous.
Nous avons une pensée pieuse et affectée pour tous les disparus, partis à la fleur de l’âge, alors qu’ils jouissaient d’un droit garanti par la constitution. Nous compatissons également au triste sort des dizaines de blessés graves à travers tout le pays et manifestons notre solidarité envers toutes les personnes et les entreprises qui ont vu leurs biens saccagés
Nos guides religieux, toutes religions confondues, fidèles à leur vocation si précieuse de régulateurs de la paix sociale et de promoteurs infatigables de la cohésion des cœurs, ont prié dans le silence béni de leur retraite spirituelle. Ils ont surtout assumé leur rôle et pris leur bâton d’infatigables de pèlerins pour prêcher la paix. Nous leur renouvelons notre reconnaissance révérencieuse pour tous les efforts déployés.
Le M2D leur renouvelle sa confiance et son engagement à respecter la parole donnée au khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké, à qui nous souhaitons longue vie et santé. Qu’il soit aussi remercié pour sa générosité à l’endroit des victimes et de leurs familles.
Malheureusement, le peuple sénégalais a noté avec désolation une entrée en scène fracassante d’un groupuscule de fossoyeurs de la paix dont l’objectif clairement affiché est d’entraver l’action du vénéré khalife.
En effet, il appert de leurs discours irresponsables du week-end dernier, que les partisans du Président Macky Sall n’ont aucune révérence envers le khalife. Et soit ils considèrent l’appel à l’apaisement lancé par leur chef le 08 mars 2021 comme de l’hypocrisie ou alors, ils ne lui vouent plus aucun respect dès lors qu’ils s’en détachent avec défiance.
Maintenant sortis de leurs terriers où ils s’étaient réfugiés pendant que le peuple manifestait sa colère, ils peuvent jouer les va-t’en guerre. Mais, à un peuple déterminé à résister et à freiner les velléités dictatoriales, on n’oppose pas une condescendance et une vaine tentative de division sur fond de clivages ethniques, religieux ou régionalistes. Le Sénégal restera uni dans la diversité et le cousinage à plaisanterie qui irrigue notre nation du Nord au Sud et d’est en Ouest.
A force d’insister dans sa volonté de réduire l’opposition à sa plus simple expression et de dérouler sa liste macabre d’opposants à liquider, Macky Sall a mis notre pays, de la manière la plus triste, au-devant de la scène médiatique mondiale, aidé en cela par les bandes d’opportunistes juchés sur les “milles collines” de leurs privilèges ingrats qu’ils sentent menacés.
Antoine Diome, Aïssata Tall Sall, Malick Sall et Abdou Karim Sall, tous ministres de la République, ainsi que des journalistes et pseudo-intellectuels, ont ainsi décidé d’entrer dans l’histoire de notre nation avec la palme de la division de notre société en s’attaquant de la façon la plus perfide aux fondements de la cohésion nationale. L’image de vitrine de la démocratie en Afrique subsaharienne que le Sénégal arborait fièrement s’est trouvé alors fatidiquement écornée avec leur déploiement guerrier aux plans national et international.
Comment ne pas s’offusquer que des Sénégalais, fortement attachés à leur droit de manifester librement leur ressentiment, soient accusés de terroristes, de salafistes, de rebelles et de forces obscures ?
Comment ne pas s’indigner de voir l’Etat donner le courage à des mercenaires de la plume et autres dangereux artisans de l’effondrement de l’unité nationale du pays de nourrir les clivages ethniques et d’ouvrir les boulevards de la division ?
Devant l’échec dans l’entreprise de diabolisation du M2D, le régime de Macky Sall tente de gouverner dans la peur. Mais, la seule chose qu’il réussit jusqu’ici à afficher à la face du monde, c’est l’image d’un Sénégal insécure, où l’environnement des affaires demeure risqué pour les investisseurs étrangers. Quelle déchéance et quel manque d’imagination pour quelqu’un qui prétend œuvrer pour l’émergence en attirant les investisseurs !
En ce qui concerne le traitement des dix exigences contenues dans le mémorandum remis aux émissaires du Khalife Serigne Mountakha Mbacké, Le M2D note, avec regret, le choix de Macky Sall de persister dans sa fuite en avant et sa gestion unipersonnelle du processus électorale. En effet en décidant unilatéralement d’organiser les élections locales en février 2022, au moment où le M2D a formulé des exigences claires pour la tenue de ces élections en 2021, et que des échanges devraient se faire sous le contrôle du Khalife Serigne Mountakha, Macky Sall montre encore une fois qu’il n’en fait qu’à sa tête et veut jouer à la ruse.
Le M2D rejette fermement toute manœuvre consistant à amener ces élections à l’année prochaine et invite les acteurs impliqués dans le processus électorale, à mener l’audit du fichier et l’évaluation du processus de manière tenir l’élection en 2021.
Toutefois, le M2D se réjouit de ce que notre peuple garde encore la force, la lucidité et l’honneur de rejeter ces démons de la division et de rester debout et déterminé à se battre pour préserver les valeurs que nous ont léguées les fondateurs de notre nation.
Des valeurs ancrées dans des socles identitaires socioculturels et religieux qui permettent à notre cher Sénégal d’être capable de surmonter les soubresauts qui jalonnent sa marche irréversible vers sa libération. Notre Nation, quoi qu’encore en construction, est une et indivisible et ne cédera jamais à la division et de la haine que certains appellent de leur vœu et entretiennent par leurs paroles et leurs actes.
Nous exigeons la vérité sur les crimes et exactions
Au-delà des regrets et du constat amer de la situation délétère dans laquelle notre pays est plongé depuis plusieurs semaines, Le M2D a mobilisé une Commission judiciaire dans la perspective d’amener l’Etat à diligenter les enquêtes relatives à la mise en scène active de nervis recrutés par le parti au pouvoir. Ces nervis et certaines des forces de sécurité se sont rendus coupables de crimes imprescriptibles et ont, pour certains, tiré à bout portant sur d’innocentes victimes et utilisé des bâtons pour infliger des blessures graves aux manifestants. Nous continuons d’exiger de l’Etat qu’il enquête sur les circonstances dans lesquelles ces nervis ont reçu et exécuté des ordres pour se rendre coupable de crimes odieux et leur infliger les peines qu’ils méritent.
La Commission judiciaire a également entamé le recensement, l’identification et la localisation exacte des morts et des blessés ainsi que l’adresse de leurs parents en vue d’activer des plaintes individuelles auprès des juridictions nationales, africaines et internationales compétentes pour demander des réparations légitimes et obtenir la condamnation des crimes et infractions commis.
Une sous-commission en charge des questions relatives aux violations des droits humains sera également mise sur pied. Elle portera ces violations constatées devant les juridictions régionales, sous régionales et internationales. Un pool d’avocats est en cours de constitution afin d’explorer toutes les voies de recours judiciaire et rendre justice aux blessés, aux morts et a tous ceux qui ont été injustement privés de liberté.
Le M2D prend acte de la libération en cours de certains détenus politiques à Dakar et Ziguinchor. Le M2D informe cependant l’opinion publique nationale et internationale qu’à Diourbel le juge Mbow refuse de libérer les 22 otages politiques, faisant valoir des états d’âme relatifs au fait que les jeunes auraient saccagé le tribunal. Ce juge se rend ainsi coupable d’obstruction et sera tenu responsable de toutes réactions qui pourraient découler de son attitude. Le M2D ne fera aucun compromis sur la libération des jeunes arbitrairement détenus.
La Commission en charge des affaires judiciaires suivra le prêt ce dossier et fera le point dans les prochains jours.
Soutien aux familles des martyrs et assistance active aux blessés et aux prisonniers.
Le M2D informe le peuple sénégalais que ses membres, qui ont été aux cotés des familles des martyrs et des blessés depuis le début des événements, ont déjà mobilisé et distribué plus de 46.381.000 FCFA en achat de médicaments, assistance sociale et prise en charge de divers frais d’hospitalisation. Ces actions ont été menées ainsi qu’il suit :
En ce qui concerne les blessés :
82 blessés ont été répertoriés entre Dakar, Guediawaye, Pikine, Rufisque, Vélingara (Diaobé), Mbour et Bignona.
• Dans la région de Dakar, 58 blessés, dont 20 cas graves, ont été identifiés et pris en charge à hauteur de 10.968.707 FCFA. Nous avons noté parmi ces blessés de nombreux cas de traumatisme crânien et des amputations de membres. Citons les cas de ces deux jeunes, l’un pris en charge à l’hôpital de Pikine et l’autre transféré de Ziguinchor à Thiès, et pris en charge respectivement à hauteur de 1.044.700 FCFA et 1.373.000 FCFA.
• A Rufisque, 7 blessés ont été pris en charge à hauteur de 545.000 FCFA.
• 38 blessés traités dans les hôpitaux tels que Grand Yoff, Le Dantec, Principal ont été pris en charge à hauteur de 3.662.235 FCFA.
• 2 blessés ont été pris en charge à Vélingara, dont l’un transféré à Tambacounda et l’autre à l’hopital principal, ont été pris en charge à hauteur de 516.000 FCFA
• 15 blessés graves recensés à Bignona ont été pris en charge à hauteur de 1.831.118 FCFA.
• Au total, le M2D a engagé 17.441.060 pour la prise en charge des 82 blessés.
Concernant les détenus et l’assistance aux familles :
• 54 d’entre eux ont été pris en charge pour le petit déjeuner, le déjeuner et le diner à hauteur de 4.940.000 FCFA.
• La prise en charge des parents des victime s’élève à 6.500.000 FCFA, soit 500.000 FCFA pour chacune des 13 familles.
• 500.000 FCFA supplémentaires ont été remis à ces familles en guise de condoléance pour un total de 12.500.000FCFA
• Les dépenses liées aux frais d’avocats (honoraires et provisions) s’élèvent à 5.000.000FCFA
Ces efforts, même importants, consentis par le M2D, ne peuvent ni compenser la perte des vies arrachées à la fleur de l’âge ni reconstruire les corps amputés. Ils expriment cependant, modestement, le profond sentiment de solidarité et la compassion que l’ensemble des membres du mouvement ont vis-à-vis des familles des martyrs et des blessés.
Le M2D ne laissera jamais tomber ces jeunes sénégalais qui se sont levés pour défendre la démocratie et l’état de droit.
C’est pourquoi le M2D compte mobiliser davantage de moyens pour fournir un appui encore plus conséquent aux familles éplorées et aider les jeunes blessés à reconstruire leur vie dans la dignité.
Dans cette perspective, après avoir remercié le Vénéré Khalife Serigne Mountakha Mbacké pour sa généreuse contribution, le M2D lance, à compter de ce samedi 27 mars 2021, une campagne nationale et internationale de collecte de fonds dénommée « Ndampaayu Askan Wi ». Les outils de collecte et les modalités la contribution seront présentés par la Commission en charge des finances. Les sénégalaises et sénégalais de l’intérieur du pays et de la diaspora sont invités à apporter leur soutien à cette action nationale solidarité.
Une commission composée de personnalités intègres sera chargée de la gestion et la répartition équitable de ces fonds aux victimes.”
Fait à Dakar le 26 Mars 2021