Mon Dieu, il était temps qu’on l’entende et qu’on la voit !La mystérieuse Adji Sarr, victime présumée d’Ousmane Sonko pour fait de viols et menace de mort, est finalement sortie de l’ombre. Jusque-là invisible comme une ermite et muette comme une carpe, elle est enfin sortie de sa cachette qu’on imagine dorée, pour dévoiler sa silhouette et évoquer l’affaire pour le moins ubuesque qui l’oppose au leader de Pastef.
Pour ce face-à-face tant attendu avec la presse, la mise en scène a été savamment orchestrée. La masseuse, sans doute la plus célèbre du pays, est apparue emmitouflée dans un large et sobre boubou multicolore, la tête recouverte d’un voile noir qui laissait à peine découvrir son faciès.
Le metteur en scène tenait visiblement à nous la montrer sous les apparences d’une fille très puritaine, voire une sainte-nitouche. Mais on a tout compris : il ne fallait surtout pas qu’elle apparaisse en tenue sexy, la perruque vissée sur la tête ou les cheveux défrisés comme le font d’ordinaire toutes les filles de son âge. Et comme on l’a d’ailleurs vu à travers certaines de ses photos diffusées sur la toile.
On a pu aussi remarquer que la prise de parole d’Adji Sarr n’a été réservée qu’à une certaine presse, triée sur le volet et manifestement instrumentalisée pour servir juste de caisse de résonnance. Et que dire des quelques questions qui lui ont été posées, si ce n’est qu’elles étaient orientées et conçues de manière à lui permettre de ne pas déborder du cadre préalablement établi.
Voilà pour la forme. Quant au fond, il est encore bien plus étrange.
Adji Sarr a beau avoir été préparée pour cette très attendue prise de parole, elle a eu bien du mal à répéter ses gammes. N’en déplaise au bouillant Me El Hadji Diouf qui a dû se mordre les doigts de n’avoir pas réussi à bien affûter sa cliente.
Vous avez sûrement noté avec curiosité qu’Adji Sarr s’est beaucoup évertuée à démonter la thèse du complot plutôt que de s’appesantir sur son propre sort. Comme si le but de l’exercice était, avant tout, de disculper le camp du pouvoir que beaucoup suspectent d’avoir tout manigancé.
Autre bizarrerie : comment a-t-elle pu espérer nous faire avaler la thèse de viols à répétition, précédés à chaque fois par une douce séance de causerie et dans une atmosphère tellement sereine qu’Ousmane Sonko se laisse même aller à certaines confidences sur sa vie intime avec ses deux bonnes dames ?
« Un soir, il m’a même confié que l’une d’elles, parce qu’elle voulait le retenir à la maison après un échange de propos aigres-doux, s’était mise dans une très sexy robe rouge, espérant l’aguicher », soutient Adji Sarr. Et de ponctuer : « Il était incapable de contrôler avec moi sa libido et son ardent désir de sensations fortes qu’aucune de ses deux épouses n’est en mesure de lui offrir ». Ce qui veut clairement dire qu’elle savait, elle, s’y prendre avec beaucoup de délicatesse et d’expertise au point d’envoyer à chaque fois le président de Pastef au 7ième ciel ou au nirvana, si vous préférez.
Mais où est donc le viol à répétition dans tout ça ? Et, s’il vous plait, avec menace de mort et arme à la main ! Franchement, en voilà une histoire à dormir debout.
En attendant que l’affaire atterrisse un jour à la barre d’un tribunal, on ne peut y voir à la limite qu’un penchant de Sonko à la fornication. Ce à quoi Adji Sarr se serait d’ailleurs toujours prêtée avec grâce. Or, à considérer cette hypothèse, la fornication n’a jamais été un délit, encore moins un crime valant une peine d’emprisonnement.
Il ne vous a pas échappé non plus qu’en invitant son bourreau à un exercice de franchise, Adji Sarr le met au défi de jurer sur le Coran, non pas de ne pas l’avoir violée, mais juste de n’avoir pas « couché » avec elle. Autant dire que la différence est abyssale.
On doit toutefois se garder de prendre tout ce que raconte la masseuse pour du pipeau. Car, même si sa déclaration est truffée d’incohérences, cela ne veut pas dire forcément qu’Ousmane Sonko est blanc comme neige et qu’il n’y a rien eu de répréhensible dans leur relation.
Une rumeur persistante fait d’ailleurs état de la grossesse d’Adji Sarr. Or, si tel était le cas, un simple test ADN permettrait de déterminer si le leader de Pastef en est l’auteur ou non. Et toute l’opinion pourra alors être édifiée. Mais de grâce, qu’on ne nous parle plus de viol !
Momar DIONGUE
Journaliste-Consultant