Ecofin) – Arrêté au Cap-Vert en juin 2020, l’homme d’affaires colombien Alex Saab, considéré comme l’un des financiers du régime vénézuélien, est poursuivi aux Etats-Unis pour blanchiment d’argent.
La Cour suprême cap-verdienne a validé, mercredi 17 mars, l’extradition d’Alex Saab, un proche du chef de l’Etat vénézuélien Nicolas Maduro vers les Etats-Unis. « L’extradition désormais autorisée consiste à soumettre la personne extradée à un processus pénal pour un seul des crimes qui lui sont imputés, conformément à la garantie offerte par l’Etat requérant », a précisé l’institution dans son arrêt.
Alex Saab a été arrêté le 12 juin 2020 par Interpol et les autorités cap-verdiennes alors qu’il faisait une escale de ravitaillement sur l’île, au retour d’un voyage en Iran en qualité d’« envoyé spécial » de Nicolas Maduro.
Ressortissant colombien d’origine libanaise, Saab est inculpé par un tribunal fédéral de Floride de blanchiment de 350 millions $ via le système financier américain. Il est également accusé de servir de prête-nom à Nicolas Maduro dans un vaste réseau de détournement de l’aide humanitaire américaine destinée au Venezuela étranglé par les sanctions de Washington.
La défense de Saab a déjà fait savoir qu’elle ferait appel de la décision devant la Cour constitutionnelle.
La décision de la Cour suprême intervient deux jours après celle de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui a ordonné à Praia de libérer l’homme d’affaires, estimant que son « arrestation et sa détention étaient arbitraires et illégales ».
Une injonction sans grand effet. Le bureau du procureur général a déclaré que le Cap-Vert n’ayant pas signé le protocole qui confère la compétence en matière de droits de l’homme au tribunal régional, « ses décisions ne s’appliquent pas à l’archipel ».
L’affaire Alex Saab met le Cap-Vert au centre d’un conflit d’intérêt entre les Etats-Unis et le Venezuela. Une position bien inconfortable pour le petit archipel d’Afrique occidentale qui devra trancher entre les règles du droit international et celles de l’Oncle Sam.
Dans le cas du Venezuela, Washington n’a pas changé son fusil d’épaule avec l’avènement de l’administration Biden. Celle-ci a déjà annoncé les couleurs en début de mandat, en reconnaissant le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido comme président légitime du pays d’Amérique latine, excluant toute hypothèse de négociations avec Maduro « le dictateur ».
Stéphane Alidjinou