« L’éléphant sort enfin de son repaire, mais avec une trompe cassée »
J’ai simplement vu un homme perdu par sa folie ; un homme seul ; un homme qui a vu ses armes s’incarner en évènements et se retourner contre lui. J’ai vu un homme politique qui a épuisé ses moyens politiques à force d’en abuser. J’ai vu un homme politique devenu l’ombre de ses propres turpitudes. J’ai vu un homme qui a incompréhensiblement ignoré la force légitime de son peuple parce qu’illusionné par les forces de l’ordre républicain qu’il croyait être à son service personnel. Macky est perdu par Macky : un homme bluffeur qui a sous-estimé son peuple parce qu’ayant tout le temps idéalisé ses réseaux lugubres. La violence est très insuffisante pour gouverner : il ne le savait pas. L’imposture peut avoir du pouvoir, mais elle ne sait pas en faire bon usage.
J’ai vu un faux président de la République qui ne comprend pas que le machiavélisme ne peut avoir raison de la « raison » du peuple qui n’est d’ailleurs pas toujours raison. Le plus grave est que j’ai vu un Président qui n’a toujours pas compris que ses mensonges ont saturé le peuple. Comment peut-on refuser au peuple son droit de manifester, sa liberté pendant neuf longues années ? J’ai vu un visage désolé et aigri face l’échec d’un machiavélisme primaire. Comment un Président normal peut-il tenter d’énumérer ses réalisations face à la colère d’un peuple ; colère qui est le meilleur baromètre de son bilan ?
J’ai vu un Président dont la peur est très différente de celle qu’éprouvent les Sénégalais. Il a peur de perdre le pouvoir là où nous avons peur de perdre notre République. Ce qui vient de se passer est un précédent extrêmement dangereux : une république à genoux par la faute et la médiocrité d’un homme aveuglé par le pouvoir au point d’en faire un patrimoine personnel.
J’ai vu homme qui a oublié qu’un peuple peut se tromper, mais il n’est jamais fou, car sa conscience est plurielle. La pluralité des consciences qui forment le peuple est justement la base de tout le contrat social qui nous unit. Vouloir réduire cette super-conscience en objet, c’est perdre soi-même la raison.
J’ai vu un Président faussement humble (sans doute parce qu’il a perdu la force d’être arrogant) qui jure encore une fois qu’il sa utiliser tous ses pouvoirs régaliens pour faire ce qu’il n’a jamais fait jusqu’ici. Macky n’a toujours pas compris que pour les hommes, la liberté est au-dessus de la vie !
J’ai vu un ancien Président qui a perdu le pouvoir et qui ne subsiste plus que par la symbolique folklorique de ce pouvoir. J’AI VU LA FIN D’UN FAUX PRESIDENT OU UN PRESIDENT FINI.
Alassane K. KITANE