Chronique de WATHIE
La République souillée, la démocratie piétinée, l’Etat de droit aboli, le Sénégal est de plain-pied dans les abysses. Le fils du gardien d’école et de la vendeuse de thiaaf (cacahuètes) a oublié ses origines pour s’ériger en une émanation directe des cuisses de Jupiter qui peut mettre à contribution celles d’une dévergondée pour éteindre la lumière de celui-là que beaucoup de Sénégalais perçoivent comme son alter-égo positif.
L’on croyait avoir atteint le fond du trou avec Seydina FALL Bougazélli. Un député pris en flagrant délit avec l’équivalant du budget du Sénégal en faux-billets de banque, c’était, considérait-on, l’ultime forfaiture que le régime de Macky SALL ne pouvait dépasser. Les insanités proférées par Moustapha CISSE LO attestèrent du contraire. Alors vice-président de l’Assemblée nationale, ce dernier combinait dans une même phrase, les termes sexe et Première dame, pour davantage corser ses injures contre le directeur d’une société nationale. C’est ce Sénégal au fond du trou où les autorités rivalisent d’insolence, qui officialise le recrutement d’une dévergondée pour faire tomber un opposant.
« C’est regrettable, mais je ne sais pas ce qu’il en est dans le fond. Je ne peux pas souhaiter à mon pire adversaire une telle situation. Maintenant, il y a une accusation et il y a des procédures. Il ne faut pas qu’on mêle le président à des choses qui ne le regardent pas. J’ai suffisamment de choses à faire que de comploter pour des choses aussi basses ». En lâchant ces phrases, le leader de l’APR s’est accusé sans s’en rendre compte. Devant des enquêteurs, le « MEME » qu’il n’a pas mis avant « à mon pire adversaire » serait le petit détail qui l’enfonce. Ceux qui ont voulu faire de ses limites intellectuelles la raison de cette omission, ont oublié que Macky SALL ne peut avoir mieux à faire que de tenter de neutraliser son plus farouche et plus populaire opposant. N’a-t-il pas consacré son premier mandat à tailler le crayon qui a effacé Khalifa SALL et Karim WADE des listes électorales? C’est sans doute cette sortie de route présidentielle qui explique la ruée des tenants du pouvoir vers les médias qu’ils ont occupés sans partage tout ce weekend.
« On lui a demandé d’aller se faire violer une nouvelle fois pour avoir des preuves ». C’est ainsi que beaucoup des responsables de Benno Bokk Yaakar qui se sont bousculés dans les médias ont expliqué l’attitude de la masseuse. Avec cette phrase susceptible d’exploser toutes les organisations féminines, Abdou MBOW et Cie envoyés au casse-pipe pour justifier leur salaire ont tenté de convaincre l’opinion. Mais le leader de l’APR le sait. Abdou MBOW, Abdoulatif COULIBALY et les autres expressément choisis pour défendre l’indéfendable ne convaincront que les détracteurs d’Ousmane SONKO. Leur crédibilité ne valant pas un kopeck.
C’est plutôt sur les forces de défense et de sécurité que Macky SALL compte pour clore le dossier ouvert pas la masseuse dont les accusations suffisent pour mettre en branle toute la machine de l’Etat qui l’a prise sous son aile. Escortée par la prestigieuse Brigade d’Intervention polyvalente (BIP), c’est à bord d’un somptueux véhicule « V8 » blindé qu’elle s’est rendue au cabinet du juge du huitième cabinet. Mais, si à ce dernier elle répète exactement ce qu’elle a dit aux gendarmes de la Section de recherche, Ousmane SONKO ne saurait être convoqué. En effet, le tissu de contradictions que la masseuse a déroulé devant la gendarmerie aurait dû inciter celle-ci à l’arrêter et à la poursuivre pour dénonciations calomnieuses visant un honorable député. Pis, Sidy Ahmed MBAYE, neveu d’un responsable de Benno Bokk Yaakaar, se rend à la Section de recherches de la Gendarmerie pour expliquer comment il a tendu un piège à un député et ressort libre pour aller s’en glorifier. Les contradictions des accusateurs occultées, leur inculpation pour association de malfaiteurs oubliée, les témoignages déchargeant Ousmane SONKO ignorés, ce dossier qui n’aurait jamais dû dépasser le stade d’audition parvient à quitter la gendarmerie pour atterrir sur la table du président de l’Assemblée nationale en passant par celles du procureur et du juge d’instruction.
Pour avoir laissé le leader de l’APR dérouler, pendant huit ans, un plan diaboliquement ficelé qui ne laisse aucune marge de manœuvre à l’équilibre des pouvoirs, acteurs politiques et de la société civile en sont arrivés à s’en mordre les doigts. Maintenant qu’il est clair que tous les leviers de l’Etat entre ses mains ne servent pas l’intérêt général, stopper Macky SALL devient une nécessité avant qu’il n’enfonce un peu plus profondément le Sénégal dans les abîmes.