Entamées depuis 2016, les poursuites contre Amadou Sanogo sont loin d’être closes. Le capitaine malien devra encore se présenter devant les tribunaux en mars 2021. Ses avocats ont dévoilé leur stratégie qui devrait changer le cours de ce procès devenu plus politique que criminel.
C’est le 11 mars 2021 que se tiendra la prochaine audience du procès contre Amadou Haya Sanogo (photo), d’après l’indication de la Cour d’assises de Bamako. L’ex-putschiste, président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat, est poursuivi, ainsi que d’autres personnes pour des crimes d’enlèvement et d’assassinat, ou de complicité de ces crimes.
La dernière audience qui s’est tenue le 25 février dernier s’était à peine ouverte que le renvoi a été prononcé. Aucune raison officielle n’a été avancée pour expliquer la décision. Selon certaines sources, elle serait due aux mutations de magistrats en cours au Mali.
Mais la thèse la plus évoquée reste un possible arrangement entre l’accusation et la défense. Quoi qu’il en soit, Amadou Sanogo et ses avocats se disent sereins. Dans leur stratégie de défense, ils comptent avoir pour alibi une loi de 2018 qui prévoit d’exonérer de poursuites pénales, des personnes accusées de crimes et de délits dans le cadre de la crise de 2012.
« Nous voulions nous appuyer sur ces éléments pour que la Cour constate que dans cette affaire, il y a eu une médiation et que c’est une cause d’extinction conformément à l’article 8 du code de procédure pénale du Mali », explique M. Touré, l’un des avocats de la défense à RFI.
C’est le 22 décembre 2015 que la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a mis en accusation Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés pour l’assassinat en 2012 de 21 militaires « bérets rouges » retrouvés dans une fosse commune près de Bamako. Depuis le début du procès en 2016, il est détenu dans une prison et a obtenu la liberté provisoire avant d’être assigné à résidence à Sélingué, dans la région de Sikasso.
Ce haut gradé de l’armée malienne a néanmoins gardé une certaine autorité auprès des troupes de défense. Lui, le tombeur de l’ex-président Amadou Toumani Touré a d’ailleurs été aperçu dans les tribunes officielles lors de la célébration des 60 ans de l’indépendance du Mali. De plus, dans la liste de ses coaccusés figurait le nom de l’actuel ministre de la Défense, le général Ibrahima Dahirou Dembélé.
Egalement sur le banc des accusés, l’ex-numéro 2 de la junte, Amadou Konaré, et l’officier de police Siméon Keïta. Des noms qui pourraient bien influencer la tournure du procès.
Vanessa Ngono Atangana