Vendredi devra être le jour de la plénière de l’Assemblée nationale consacrée à l’Affaire Sweet Beauty où le leader politique Ousmane Sonko est accusée par la masseuse Adja Sarr d’avoir abusé d’elle.
Une affaire à forte connotation politique du fait de la stature du mis en cause mais aussi des soupçons de manipulation politique ayant abouti à plusieurs arrestations dans les rangs du parti Pastef pour divers délits connexes à l’affaire.
Selon toute vraisemblance, l’immunité du député sera levée lors de la séance plénière prévue ce vendredi. Une formalité qui n’a rien d’exceptionnel car ayant été observée plusieurs fois ces dernières années contre des représentants du peuple.
Mieux, elle n’est ni un jugement ni une présomption de culpabilité. L’Assemblée n’étant pas un tribunal, la séparation des pouvoir exige des députés le maximum de mesure et de parcimonie pour éviter de prononcer des ‘’verdicts’’ pour une affaire qui est en cours d’instruction.
Certes, il y aura forcément un débat sur la gravité des accusations faites, mais il faudra respecter la présomption d’innocence d’une personne qui n’est même pas encore inculpée.
Un exercice difficile pour une Assemblée en proie à des batailles politiques permanentes et presque systémiques entre opposition et pouvoir.
L’Assemblée, ces derniers jours, a versé dans une réelle déferlante de passion tant du côté du pouvoir que du côté de l’opposition pour ce qui concerne cette affaire.
Il est inutile alors, d’attendre d’elle une quelconque sérénité, à ce propos. Nous pensons que c’est au-dessus des forces des députés.
Néanmoins, après la politique, le droit. Comme qui dirait, après la pluie, le beau temps.
Le juge du 8 è Cabinet commence l’audition d’Adji Sarr ce jeudi. C’est un des actes forts de l’instruction dont la suite sera également l’interrogatoire d’Ousmane Sonko qui ne devrait pas tarder d’ici la semaine prochaine et bien sûr, leur confrontation, prochainement.
Et à ce propos, il faut que le droit reprenne toute sa place dans cette affaire pour céder la place à la politique, c’est-à-dire aux rapports de force et à la passion.
Il ne sera pas ainsi admissible que des procès-verbaux circulent et qu’une forme de justice rudimentaire s’organise sur la place publique.
C’est pourquoi, Sonko a tout intérêt à déférer à la convocation du juge d’instruction comme il l’avait promis. Car, cela lui permettra de s’inscrire dans une dynamique républicaine et de profiter de sa posture de défenseur étant entendu que les preuves incombent à l’accusation.
Il est temps également que tous ceux qui se réclament de son camp qu’ils soient partisans ou sympathisants, observent la même posture républicaine.
Il ne sert à rien de continuer de défier les forces de l’ordre au risque de grossir les rangs des gens arrêtés et déférés.
Aujourd’hui, il y a eu suffisamment de démonstration de force politique de part et d’autre pour que l’on cède la place au droit et au droit seulement.
Néanmoins, cette affaire charrie une forte dose de risque grave de trouble à l’ordre public. Car, au regard de la gravité des faits allégués, des forts soupçons de complot qui pèsent sur le pouvoir en place et de la détermination des proches de Sonko, tout mandat de dépôt ou autres actes coercitifs contre le leader de Pastef sera interprété comme une volonté réelle de mettre fin à sa carrière politique.
Donc, rien ne sera facile pour le magistrat instructeur qui devra, pourtant, s’affranchir de toute forme de pression, considérer les faits avec la scientificité qui sied et prendre toutes les décisions qui s’imposent.
Car, le peuple observe et considère la Justice comme le dernier rempart, celui qui rétablit les équilibres et restaure la vérité dans les relations entre les hommes selon un idéal qui transcende les rangs des uns et des autres.
Il faudra que celle-ci mette en avant l’idéal de justice, celle-là qui fonde sa légitimité et fait sa crédibilité.
Comme quoi, toute erreur ne serait pas supportable. Le peuple observe et attend.