L’espoir suscité par la pente décroissante des mois d’août et de septembre 2020 a été vite balayé par la seconde vague de contamination au coronavirus. Une situation qui n’arrange guère animateurs et acteurs de la location de chaises et de bâches. Très peu, voire jamais sollicités, il leur est impossible de réinvestir. Pire, les réserves sont puisées pour assurer les dépenses diverses.
À l’instar des artistes qui ne peuvent plus assurer le show dans les salles de spectacle, Modou Traoré subit les contrecoups de la Covid-19. Animateur très sollicité entre Tivaouane-Diacksao, Thiaroye et Guinaw Rail à l’occasion des baptêmes et mariages, Dj Modou ou Dj Tra, selon certains, n’enchaîne plus les tubes sous les tentes de ferveur. Son arsenal musical est désespérément rangé depuis le début de la deuxième vague de contamination alors qu’il applaudissait un fléchissement de la courbe. « Je fais partie des impactés de la pandémie », rit-il, habillé d’un pull-over bleu, assis sur un pneu, près de sa maison au quartier Tivaouane. Avec l’arrêt de toute activité festive, les conséquences économiques sont importantes. « En une semaine, on pouvait toucher plus de 100 000 FCfa grâce aux baptêmes et mariages. Actuellement, la Covid-19 a tout freiné, c’est la galère. On se tourne vers le business de divers produits, en attendant le retour à la normale », explique-t-il, tête baissée. Durant ces instants festifs, des milliers de chaises sont mobilisées pour l’accueil des invités. Amadou Faye (dit Modou) en profitait pour faire de bonnes affaires. En cet après-midi du samedi 6 février, le bonhomme de 47 ans nous accueille devant une boutique à côté du rond-point Poste-Thiaroye. C’est son lieu de fréquentation habituelle, il est avec ses amis qui commentent l’actualité politique et jouent parfois à la loterie. C’est une manière de s’éloigner un peu de la crise. « Nous, acteurs de la location de chaises et de bâches, souffrons énormément de la crise », se plain-t-il, nez et bouche masqués, le foulard autour du cou. Il fait part d’un manque à gagner hebdomadaire d’environ 40 000 FCfa. « Je dispose d’environ 560 chaises louées entre 75 et 100 FCfa l’unité. C’est au moment où nous nous félicitions de la reprise des activités que la courbe de contamination est remontée. Actuellement, rien ne bouge », déplore-t-il, priant pour la fin de la pandémie. C’est aussi un vœu ardent d’Ousmane Diack. Malgré la fermeture de son dépôt, sis à Thiaroye Oryx, son identité et son numéro accompagnent les dessins des bâches et chaises. Joint au téléphone, il dit avoir complètement basculé dans le secteur du transport. « C’est mon frère qui gère la location ; moi je me suis tourné vers le transport. Avec l’interdiction des rassemblements, rien ne marche », confie M. Diack.
Des lendemains incertains
Ses finances sont impactées et Modou est obligé d’utiliser ses réserves. Ainsi, indique-t-il, les « maigres économies » sont décaissées pour entreprendre afin de ne pas rester les bras croisés. « Grâce aux économies, j’essaie d’acheter et de revendre des habits pour hommes et femmes en attendant la fin de la pandémie », dit M. Traoré, le propos sérieux. L’attente est longue, le réinvestissement impossible. Avec la situation actuelle, Amadou Faye dit puiser dans les réserves destinées à l’achat de nouvelles chaises pour régler les dépenses courantes. « Les lendemains sont incertains. Les rassemblements nous font vivre. Actuellement, c’est difficile au point que nous utilisons les économies et l’enveloppe destinée au réinvestissement pour régler les dépenses diverses », se plaint-il d’une voix enrouée. Devant l’incertitude, ses craintes sont immenses. « Si la situation perdure, certains seront obligés de tout vendre pour repartir à zéro », avertit M. Faye. Ousmane Diack embouche la même trompette. À l’en croire, les impacts de la Covid-19 risquent de briser l’élan de plusieurs entrepreneurs dans la mesure où, soutient-il, il est actuellement impossible de miser sur la location des chaises et bâches. « Le contexte n’est pas propice aux rassemblements. Nous n’avons pas le choix », martèle M. Faye, dans l’espoir d’un recul de la pandémie au bénéfice de son business.