(Agence Ecofin) – Bien qu’encore soumises à un embargo sur les armes depuis 2013, les autorités centrafricaines semblent décidées à reprendre le contrôle de toutes les parties du pays des mains des groupes armés. Avec l’appui de leurs « alliés » russes et rwandais, les victoires s’enchaînent, ces derniers jours.
Le gouvernement de la République centrafricaine (RCA) a annoncé, le jeudi 11 février 2021, la prise de contrôle de la route reliant la capitale Bangui au Cameroun, après plusieurs jours d’une offensive militaire par les Forces armées centrafricaines (FACA) appuyées par des troupes rwandaises et des instructeurs russes.
« Après les villes de Boali, Bossembélé, Bosemptélé, Yaloké, Bouar, les Forces armées centrafricaines (FACA) et les alliés russes et rwandais ont libéré la ville de Beloko, ouvrant ainsi la Route nationale jusqu’au Cameroun », peut-on lire sur le compte Facebook du gouvernement.
Cette prise de contrôle permet la levée du blocus humanitaire imposé par les groupes rebelles de la Coalition pour le changement (CPC) sur Bangui depuis près de deux mois, privant la capitale centrafricaine de son principal circuit d’approvisionnement via le Cameroun.
Une centaine de camions transportant de l’aide humanitaire en provenance du Cameroun étaient immobilisés à la frontière, selon la représentation de l’ONU en RCA.
Deux convois escortés par la MINUSCA ont pu toutefois acheminer de l’aide humanitaire à Bangui les 3 et 8 février 2021. En raison de la situation sécuritaire instable et des nombreux incidents causés par les groupes armés, environ 1,9 million de personnes ont déjà du mal à se nourrir au jour le jour dans le pays.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 200 000 Centrafricains sont déplacés, dont plus de 100 000 réfugiés dans les pays voisins.
Ragaillardi par ces victoires militaires, le conseiller à la sécurité du président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, le Russe Valery Zakharov, a appelé les rebelles à livrer leurs leaders aux autorités de la RCA.
« Je lance un appel aux groupes armés. La seule issue pour vous est de menotter vos dirigeants et de les remettre aux forces de l’ordre », a-t-il déclaré dans un communiqué rendu public ce vendredi 12 février 2021.
« Certains groupes militaro-politiques ont franchi la ligne rouge, se sont refusés d’accomplir les termes de l’accord [de paix : Ndlr] signé à Khartoum et ils ne peuvent plus faire partie du processus politique. Les chefs de ces factions devraient être interdits », a-t-il ajouté.
Après avoir « réussi à prendre le contrôle de la route reliant la capitale [Bangui : Ndlr] », Valery Zakharov a annoncé que « dans un avenir proche, le gouvernement contrôlera tout le territoire de la RCA et la paix reviendra dans les régions ».
Cette déclaration du conseiller à la sécurité du président de la RCA laisse transparaître que l’offensive militaire lancée récemment ne s’arrêtera pas seulement après la prise de contrôle du corridor routier reliant le pays au Cameroun. Elle sonne, en effet, comme l’annonce d’une opération de grande envergure visant à rasseoir son autorité sur toute l’étendue du territoire.
Un objectif dont l’atteinte pourrait ne pas être aussi aisée dans la mesure où l’embargo sur les armes imposé au pays depuis 2013 n’a toujours pas été levé par l’ONU. Les autorités de la RCA bénéficient tout de même du soutien fort décisif de la Russie et du Rwanda.
Le gouvernement centrafricain confirme d’ailleurs cette opération de grande envergure avec une autre offensive dans l’est. « Dans le Centre-Est tout en sécurisant la ville de Bambari, les FACA et partenaires progressent vers Ippy. La reconquête continue… », peut-on lire sur son compte Facebook.
Borgia Kobri