Le défunt Serigne Atou Diagne est une des figures marquantes du mouvement Hizbut-Tarquiyyah. Longtemps à la tête de cette organisation, il aura su stimuler, avec la bénédiction de Serigne Saliou Mabacke, un souffle nouveau, autant dans l’orientation, la démarche et les réalisations de cette organisation devenue décisive dans la confrérie Mouride.
Nous sommes en 1975, quand neuf étudiants émettent l’idée de mettre en place un Dahira (organisation religieuse) Mouride au sein de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). En janvier 1976, l’initiative prend forme, dans les locaux du pavillon A, sous le nom de Dahira des étudiants Mourides. L’idée était de s’ériger en porte voix de la confrérie au sein du milieu estudiantin. C’est parti pour une grande aventure bénie à cette époque par le Khalife Général des Mourides d’alors, Serigne Abdoul Ahad Mbacke. Serigne Atou Diagne et compagnie portent la voix du Mouridisme dans l’espace universitaire jusque-là plus favorable aux idéologies marxiste et léniniste.
Au milieu des années 1980, le Dahira des étudiants mourides ne se limite plus au milieu estudiantin et reçoit d’autres condisciples issus de toutes les catégories socioprofessionnelles. Les membres sont animés par les mêmes motivations. De nouvelles idées naissent, l’organisation n’est plus simplement un milieu de réceptacle : l’instruction islamique, les activités de recherche et de traduction, la constitution d’une bibliothèque, la mise sur pied d’une école coranique figurent parmi des actes posés.
Le mouvement participe largement à la vulgarisation des enseignements du guide Cheikh Ahmadou Bamba. Des kourels (sous-organisations) essaiment un peu partout dans le pays. Ils adoptent un mode vestimentaire atypique composé d’une tunique appelé Baye Lahad, d’un turban imposant, un makhtoume et des babouches avec des semelles proéminentes. Un mode vestimentaire hérité de Serigne Abdou Lahad.
Serigne Saliou Mbacke, le visionnaire
C’est en 1992 que les membres de l’organisation décident de sortir du campus universitaire. Serigne Saliou Mbacke, Khalif Général de l’époque change le nom du Dahira des étudiants Mourides en l’intitulant Hizbut Tarqiyyah qui signifie «la faction des gens dont l’ascension spirituelle auprès de Dieu se fait par la Grâce et directement sous les auspices de leur maître, le Serviteur du Prophète Khadimou Rassoul».
L’histoire est belle et mérite d’être contée. 46 ans plus tard, les Hizbut-Tarqiyyah sont répartis dans tous les coins du monde. Serigne Atou Diagne aura été la figure de proue de ce mouvement. Abibou Mbaye, journaliste à la Rts qui a fréquenté ce mouvement décrit Serigne Atou Diagne comme: «un intellectuel qui a consacré jusqu’à la dernière seconde de sa vie au Mouridisme. D’ailleurs, il n’avait pas de vie. Cette dernière se résumait au Mouridisme». Un bel hommage qui définit la mission de cet homme qui n’avait de limite dans son attachement envers son vénéré guide Cheikh Ahmadou Bamba Mbacke.