Le débat sur la suppression ou non de la ville ou sa réalité en tant qu’ordre de collectivité territoriale semble quelque peu occulter et sourdiner un autre qui nous interpelle directement, nous habitants des communes.
Faut-il renoncer aux 19 souverainetés communales actuelles de Dakar au profit d’ensembles plus aptes à prendre en charge les préoccupations des populations grâce à une péréquation plus juste des moyens et un exécutif local plus puissant ?
Beaucoup d’entre nous, face à ce débat, développerons, j’en suis persuadé, des réflexes communautaro-identitaires alors qu’il s’agit de re-diagnostiquer l’acte 3 de la décentralisation et de voir, dans le cas de nos communes, si l’émiettement de nos forces locales ne contrarie pas et ne bride le développement durable de nos collectivités.
Il s’agit de rappeler que L’objectif général de l’Acte III de la décentralisation était d’organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable.
La commune, qui est l’un des ordres de collectivité, devait regrouper les habitants du périmètre d’une même localité composée de quartiers et/ou de villages unis par une solidarité résultant du voisinage, désireux de traiter de leurs propres intérêts et capables de trouver les ressources nécessaires à une action qui leur soit particulière au sein de la communauté nationale et dans le sens des intérêts de la nation.
Au surplus, au sens de la réforme, ne devaient être constituées en communes que les localités ayant un développement suffisant pour pouvoir disposer des ressources propres nécessaires à l’équilibre de leur budget ; ceci d’autant plus que les collectivités locales ont reçu des compétences dans 9 domaines que l’État leur a transférés :
• Gestion et utilisation du domaine privé de l’État, du domaine public et du domaine national.
• Environnement et gestion des ressources naturelles
• Santé, population et l’action sociale
• Jeunesse, sports et loisirs
• Culture
• Éducation, alphabétisation, promotion des langues nationales et formation professionnelle
• Planification
• Aménagement du territoire
• Urbanisme et Habitat
Aujourd’hui, force est de constater que les défis à relever demeurent nombreux et portent sur les questions aussi cruciales que l’assainissement, la voirie, les infrastructures socio-économiques, la dégradation continue du tissu social, les potentiels conflits communautaires, la dégradation des mœurs, l’appauvrissement, le sous-emploi, le chômage des jeunes, les grossesses précoces et non désirées, les violences, la déperdition scolaire, la drogue et la prostitution clandestine.
Ces problèmes persistent, s’aggravent et deviennent de plus en plus complexes. Les solutions pour les résoudre ne sont ni simples ni évidentes.
Il est évident que dans une commune comme la Médina, la taille et la structuration du budget ne militent pas pour une prise en charge effective des problèmes des citoyens.
Du compte administratif 2019 de la commune, il ressort que la Médina eu seulement des recettes de 977 millions effectivement recouvrées dont 790 millions de fonctionnement et …0F d’investissement. (Nous reviendrons amplement sur les questions budgétaires, le moment venu).
Ceci montre déjà , à suffisance, que les problématiques majeures ne peuvent être adressées à partir de ces moyens étriqués et des solutions trouvées. Les communes, dans cette contexture, continueront à asseoir leurs politiques et leurs pouvoirs sur des actions sans impact réel sur le devenir des populations et non génératrices de développement durable. L’on va continuer à créer des illusions avec des soutiens ponctuels lors des cérémonies familiales et religieuses, des aides discriminées pour fidéliser une clientèle politique au détriment de l’ensemble des citoyens, des recrutements sans appels à candidatures pour tous les citoyens etc.
Tout un chapelet de questions se posent dès lors :
- Les 19 communes créées en 1996 répondent-elles aux critères et exigences énumérés supra ?
- Les communes de Gorée, Plateau, Médina, Fass-Gueule Tapée-Colobane peuvent-elles constituer un ensemble homogène avec des ressources projetables à 15 voire 20 milliards ?
- Quel éxécutif le cas exhéant ?
- Quel nom le cas échéant ?
- Quel avenir politique pour dans cet ensemble pour le personnel politique de ces communes ?
- Etc.
Les problématiques à adresser d’ores et déjà sont donc là, incontournables pour nous Médinois. Mon mouvement politique, à travers son comité de veille politique, va, sans délai, engager une réflexion interne. A vous aussi la parole, chers concitoyens.