Impliqués dans le décès de Hiba Thiam, morte d’une overdose, lors d’une soirée privée aux Almadies, Dame Amar, Pape Diadia Tall, Fatoumata Jacqueline Rigal alias Choupette, Djibril Ndiogou Bassène alias Nekh, Alia Bakir, Lamine Diédhiou, Lamine Niane et Louty Ba ont été attraits, hier, devant le Tribunal des flagrants délits de Dakar. Face aux juges, ces prévenus, fils à papa, se sont livrés à des révélations explosives. Le procureur requiert huit mois de prison ferme contre eux.
Le procès de Hiba Thiam, décédée d’une overdose aux Almadies, s’est tenu, hier, devant le Tribunal des flagrants délits de Dakar. L’évènement a eu lieu lors d’une soirée privée dans la nuit du 03 au 04 avril 2020 dans un appartement de ce quartier huppé dakaroise. Cette affaire retenue, après un premier renvoi, implique Dame Amar, Pape Diadia Tall, Fatoumata Jacqueline Rigal alias Choupette, Djibril Ndiogou Bassène alias Nekh, Alia Bakir, Lamine Diédhiou, Lamine Niane et Louty Ba. Poursuivis pour «association de malfaiteurs, tentative d’extorsion, détention de drogue en vue de la consommation personnelle, violation de la loi sur le couvre-feu et non-assistance à une personne en danger», les prévenus ont tenté de nier les charges retenues contre eux. Seulement, en se livrant à de telles manœuvres, ils finissent par se perdre dans les rétablissements des faits.
«On a mangé et on a bu…»
Des confessions de «fils à Papa» en maille à partir avec la justice, le temple de thémis en a eues, hier, droit. Premier à ouvrir le bal, Dame Amar, fils du défunt patron de Nma Sanders, reconnait avoir loué l’appartement pour sa copine venue de Paris. Il reconnait également que ses co-prévenus et lui se retrouvent souvent dans des milieux y compris la défunte. Balayant d’un revers de la main la présence de la cocaïne dans l’appartement, il soutient n’avoir invité personne. «Ils m’ont tous appelé pour venir me voir et, naturellement, comme nous étions des amis, cela ne me dérangeait pas. Hiba Thiam m’a appelé vers 18 heures pour confirmer. Vers 21 heures, elle m’appelle pour m’informer être en route en compagnie de Pape Diadia Tall et d’un policier pour assurer leur escorte», restitue-t-il devant la barre. «Je n’ai pas vu de la drogue là-bas. Il n’y avait que de l’alcool. On a mangé et on a bu», persiste Dame Amar, soutenant, contrairement aux constations des éléments de la gendarmerie, qu’il n’y avait pas des résidus de cocaïne dans l’appartement. Selon ce dernier, sa copine et lui ont quitté tôt le matin l’appartement. Tout simplement, soutient-il, parce qu’ils ont su que Hiba Thiam était décédée. «Elle a pris ses valises. Nous sommes partis parce que nous étions paniqués à cause de son décès. Je n’avais jamais vu une personne décédée auparavant», laisse-t-il entendre. Contrairement aux allégations de son co-prévenu, Louty Ba fait savoir que c’est entre 21h et 23h que Hiba Thiam a fait un malaise. Ils sont mis tout de suite, souligne-t-il, à appeler des secours en vain. «J’ai essayé vainement de la sauver», se défend Louty. Non sans nier la présence de la cocaïne dans l’appartement.
«J’ai bu de l’alcool comme tout le monde, mais je n’ai jamais vu de la cocaïne»
Soumise au feu roulant des questions du juge, Fatoumata Jacqueline Rigal alias Choupette, dans sa version des faits, reconnait avoir pris part à cet évènement malheureux. C’était, dit-elle, des retrouvailles ludiques pour chasser le stress causé par le couvre-feu. Elle informera plus tard avoir quitté chez elle avec une intention de passer la nuit dans l’appartement. Comme ceux qui l’ont devancée devant la barre, elle reconnait avoir pris de l’alcool. «J’ai bu de l’alcool comme tout le monde, mais je n’ai jamais vu de la cocaïne», se défend-t-elle. Pour sa part, Pape Diadia Tall confie qu’avant d’aller chez Dame Amar, Hiba Thiam, deux de ses amis et lui étaient dans un hôtel. «On avait beaucoup bu. Je pense qu’on avait fini 5 bouteilles. Quand je suis arrivé chez moi, Hiba Thiam m’a envoyé un message pour me dire qu’elle voulait passer chez Dame. Je lui ai dit que j’avais un ami policier qui pourrait nous accompagner comme nous étions en couvre-feu. On avait beaucoup bu et je me suis endormi sur le canapé», a expliqué Diadia Tall. Avant d’ajouter : «C’est vers 6 heures qu’on m’a réveillé pour m’informer de l’état dans lequel elle se trouvait. Elle était là, allongée, inerte, elle ne bougeait pas. J’avais commencé à appeler les secours. De 6h du matin à 11h du matin, on me faisait poiroter. C’est finalement un peu après 11h que les gendarmes et les policiers sont arrivés sur les lieux».
«On m’avait promis un téléphone portable»
Pour Djibril Ndiogou Bassène alias Nekh, c’est Hiba Thiam qui lui a fait goûter la poudre blanche qui lui a fait perdre la tête. Surnommé Nekh, c’est une promesse d’un téléphone portable, dit-il, qui l’a fait venir dans l’appartement. «J’ai trouvé Hiba Thiam assise sur la chaise anglaise. Elle tenait un plateau contenant de la poudre blanche. Elle me la fait goûter et j’ai perdu la tête. Je suis retourné dans le salon. Cinq minutes plus tard, j’ai entendu un grand bruit provenant de la chambre dans laquelle se trouvait Hiba Thiam. Elle était dans état chaotique. Elle saignait. J’avais eu peur et j’avais peur d’appeler les secours», raconte-t-il.
«Hiba Thiam a apporté la cocaïne»
En contradiction avec les autres prévenus, Alia Bakir, petite amie de Dame Amar, confie que la drogue a été apportée par Hiba Thiam. «Avant son arrivée, il n’y avait pas de la drogue. Quand elle est venue, elle tenait de la cocaïne entre ses mains. Je pense que la drogue lui appartenait. Je n’ai jamais touché de la drogue de ma vie», soutient-elle.
Quant au policier poursuivi pour «corruption et complicité de violation de la loi sur le couvre-feu », Lamine Diédhiou, il lui est reproché d’avoir escorté, en plein couvre-feu, Pape Diadia Tall et Hiba Thiam. En niant les faits, ce dernier accuse un certain Pape Diop de lui jouer un sale tour. Son collègue, dit-il, lui avait dit vouloir se rendre au dentiste. «Comme il était mon ami, j’ai quitté Diamaguène pour le déposer chez le dentiste», renseigne-t-il.
Dans son requisiroire, le procureur a demandé à ce que tous les prévenus soient condamnés à huit mois de prison ferme.
Une vingtaine d’avocats à la rescousse des prévenus
Pour se tirer d’affaire, les prévenus, notamment Dame Amar n’ont pas lésiné sur les moyens. Cela pour espérer une défense solide. Ils ont presque réuni, dans la salle d’audience, tous les ténors du barreau de Dakar. Il s’agit d’un pool composés, entre autres, de Maîtres Ciré Clédor Ly, Ndèye Fatou Touré, Borso Pouye, Aboubacry Barro, Demba Ciré Bathly, Ibrahima Diaw, Adnan Yakhya, Ousmane Sèye, Baboucar Cissé, Ousmane Diagne, Cheikh Ndao, Mame Abdou, Gningue, Abdou Dialy Kane, Bamba Cissé, Babacar Ndiaye, Ousmane Thiam, Djibril Wellé.
Salif KA