La jeune commune de Thiès-Nord vit, depuis quelques années, au rythme d’un bradage foncier sans précédent. Irrités par ce qu’ils qualifient de ‘’scandale du siècle’’, les Sereer-Noon se disent prêts à affiner toutes les stratégies de riposte, en vue de mieux faire face aux prédateurs fonciers, pour défendre les intérêts des générations futures.
La commune d’arrondissement de Thiès-Nord est-elle en train de ressembler à celle de Chérif Lo (Tivaouane) qui, depuis 2017, connait une spoliation foncière sans fin ? En tout cas, tout porte à le croire. Thiès-Nord, avec ses terres sablonneuses, attire les prédateurs fonciers qui y font la pluie et le beau temps. Même dans les quartiers ou villages traditionnels, notamment Thionakh et Thiapong, il n’y ne reste plus une seule aire. Tout a été morcelé et vendu. Il y a quelques mois, des jeunes d’un de ces villages ont eu à constater, au moment de leur footing, qu’un terrassement a été effectué sur leur terrain. Exaspérés par la situation, ils ont décidé d’enlever toutes les bornes. Un comportement qui provoqua l’ire des bradeurs fonciers. N’eût été l’intervention des forces de défense et de sécurité, le mal s’y serait peut-être produit.
Comme si cela ne suffisait pas, les expropriateurs se sont attaqués à toute la devanture du lycée technique Monseigneur Xavier François Ndione de Thiès. Toute cette partie qui longe le grand canal de Thiès-Nord est déjà morcelée et mise en vente. D’ailleurs, des maisons commencent à y sortir de terre.
Dans ce même dessein, un autre promoteur a, quant à lui, décidé de s’offrir une partie du canal qui se situe sur la route menant à Mont-Rolland. Cependant, les riverains, soutenus par le comité de veille des Sereer-Noon, le chef du Service régional des impôts et domaines, Djiby Sy, et les éléments de la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (DSCOS) ont réussi à coincer le monsieur du nom de K. Sy, avant qu’il ne s’empare de ces hectares.
Et que dire de la désaffectation des parcelles à usage d’habitation orchestrée par l’équipe municipale ! Face à tout ce qui se passe dans leur zone, le Comité de veille des Sereer-Noon de Thiès craint le pire et dénonce le silence coupable des autorités locales.
C’est pourquoi les membres qui le composent ont décidé de dire stop à ce ‘’scandale du siècle’’. Cette communauté pense qu’il faut se dresser contre les prédateurs qui sévissent dans cette partie de la ville de Thiès et enclencher, par la même occasion, une bataille au profit des générations futures.
‘’Il est temps que toute cette gabegie foncière cesse’’
La guerre, soutiennent-ils, c’est maintenant. ‘’En outre, comme pour persévérer dans cette ignorance, un promoteur du nom de K. Sy, voulant s’approprier l’autre côté du canal (réservé pour un boulevard), s’est débarrassé de la bande de sable qui constituait une sorte de barrière naturelle contre tout débordement du canal. N’eût été l’opposition des riverains, par l’entremise du Comité de veille des Noons de Thiès, la DSCOS et l’intervention du receveur des impôts, en l’occurrence M. Djiby Sy, cet endroit serait transformé en bâtiments. Il ne manquait au promoteur que l’autorisation de construire. Il n’empêche, toute la zone allant de Grand Thialy à Thionah, en passant par Petit Thialy, Gambia, Thialaw Niary Gouy et Abattoir, est désormais plus qu’exposée, dans la mesure où toute la bande de sable (la barrière) n’y figure plus, ayant été transportée on ne sait où par le promoteur en question’’, dénonce Patrice Massamba Ndione et Cie dans un document transmis à ‘’EnQuête’’.
Les membres dudit comité de veille affirment que l’intention des uns et des autres était de morceler les terres qui longent le canal, de Thionakh à Grand Thialy et les mettre en vente.
Par contre, ils précisent que c’est peine perdue, parce que cela ne passera pas. Aussi, le collectif des Sereer-Noon soutient que l’heure de mettre un terme à cette dilapidation foncière a ‘’véritablement’’ sonné. ‘’Cela vient confirmer que l’activité humaine et en particulier la surexploitation des terres est le plus grand mal de notre époque. Il est donc temps que toute cette gabegie foncière cesse et que la conscience écologique prime sur l’intérêt personnel et que l’on replace le citoyen ainsi que son environnement au cœur de la gestion de la chose publique’’, s’indignent-ils.
En lieu et place de la prédation des ressources naturelles, notamment le foncier, les jeunes et les riverains de cette commune disent attendre l’étude complète de l’aménagement d’un ‘’grand parc sportif digne de ce nom et bien reboisé qui permettra de faire du sport en toute sécurité’’. Selon eux, cette infrastructure doit ressembler au Bois de Boulogne à Paris ou à Central Park de New York. Ils réclament également la réhabilitation du canal afin de mieux évacuer les eaux de pluie, pour offrir aux populations un meilleur cadre vie.
GAUSTIN DIATTA (THIES)