Le «consommer local», tant promu et loué, s’apprécie aussi dans le style vestimentaire des Sénégalais, de plus en plus férus du costume africain.
Des Sénégalais préfèrent, aujourd’hui, s’habiller en tenue traditionnelle. Ces boubous, appelés costumes africains ou Kiba, ont une touche à la fois traditionnelle et moderne qui leur donne un certain charme. Papa Sarr est un jeune couturier de 25 ans. Passionné de mode, il s’est lancé dans la confection de vêtements pour homme. «J’ai créé mon entreprise Afro’chic en 2016. Nous confectionnons des tenues pour tout le monde. Mais, nous nous sommes spécialisés dans les costumes africains pour homme. Les prix des tenues varient entre 30.000 et 60.000 FCfa, selon le modèle», fait-il savoir, non sans révéler qu’il dispose de cinq tailleurs et d’un livreur. «J’ai pu créer des emplois et je reçois des commandes de beaucoup de personnes établies à l’étranger. C’est un plaisir pour moi de faire découvrir aux autres les merveilles du Sénégal à travers mes tenues».
Toutefois, le jeune couturier déplore le fait que tous les tissus qu’il utilise soient importés. Conséquence : ils coûtent excessivement cher. «Les matières les plus utilisées sont le lin, le super cent anglais ou italien, le coton suisse, le brocard, le casimir…Si l’État pouvait aider à la création d’usines de textile pour nous faciliter le travail, nous lui en serions reconnaissants», plaide-t-il.
Djibril Pouye est, lui aussi, un jeune entrepreneur qui s’active dans la confection de tenues africaines pour homme. Son entreprise se trouve à Colobane. Il dit recevoir, chaque jour, de nombreuses commandes : «j’ai choisi le métier de couturier car la mode est, pour moi, une passion. Par souci de confort, les hommes préfèrent, aujourd’hui, s’habiller en costume africain. C’est très en vogue», explique le trentenaire, heureux d’y trouver son compte. Le fameux «costume-cravate» perd du terrain.
Certains comme Ibrahima Diop, jeune cadre, en tirent même une fierté. «Je suis tellement fier d’être Africain, et Sénégalais en particulier, que ça se voit dans la façon de m’habiller. Je suis tout le temps en mode Kiba et bonnet. J’achète mes tenues à 40.000 FCfa alors qu’un costume européen de qualité coûte plus cher et n’est pas adapté à tous les milieux», raisonne-t-il, non sans exhorter les Sénégalais à soutenir les couturiers, car «accomplissant un excellent travail que les autorités sénégalaises devraient davantage promouvoir».
Rokhaya Camara est une jeune femme dont le mari voyage beaucoup. Lors de ses nombreuses missions, il fait la promotion des jeunes tailleurs qui confectionnent ses tenues. «Mon mari préfère les tenues africaines car il s’y sent beaucoup plus à l’aise même s’il porte des costumes européens. En décembre, il s’en est procuré quatre à 90.000 FCfa l’unité. Et lorsqu’il est parti en voyage, beaucoup de ses collaborateurs lui ont demandé le contact de son couturier», confie-t-elle. Les vertus de la différence, une valeur à davantage chérir sous nos cieux pour conquérir le monde.
Sokhna Faty Isseu SAMB« Le Soleil »