Pris hier soir, le décret présidentiel proclamant l’Etat d’urgence assorti de couvre-feu n’a pas été signé dans l’urgence. Selon des proches du Président, le chef de l’Etat était dans cette optique depuis le mois de décembre.
Finalement, le Président Sall est sorti de son dilemme. Tenaillé comme tous les chefs d’État et de gouvernement de la planète, entre «Sauver l’économie ou des vies», Macky Sall a décidé, hier mardi, de couper la poire en deux. Il a décrété l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu de 21h à 5h. Une mesure qui serait capable de réduire la vitesse de transmission du virus sans pour autant trop impacter une économie sénégalaise déjà à terre. C’est dans la soirée que le chef de l’Etat, après une réunion d’urgence de 5 tours d’horloge avec le Comité national de gestion des épidémies (Cnge) au Palais de la République, a décidé de porter un remède à bref délai à cette nouvelle vague qui prend de l’ampleur de jour en jour. A cette propagation à vitesse grand V du Covid-19, atteignant même un nouveau record de 264 cas positifs le 1er janvier dernier.
Contrairement à ce qui a été déclaré ici et là dans la soirée d’hier, soulignant que l’Etat a déployé ses ministres, une partie de l’administration et du personnel soignant dans les médias pour masquer une impréparation à cette mesure de couvre-feu, des sources de L’Observateur révèlent que le président de la République était dans cette optique depuis des semaines. Bien avant même le nouvel an. «Des émissaires ont été envoyés auprès des Khalifes généraux pour leur expliquer les raisons et en même temps, solliciter leur aide à dire aux populations et plus particulièrement, aux talibés, de veiller aux mesures barrières», informe-t-on. Les mêmes sources soutiennent que c’est ce qui a motivé la récente déclaration du khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, qui s’est illustré dans ses actes de tous les jours dans la lutte contre la pandémie. «Il serait dans l’ordre normal des choses que dans les jours à venir, l’Eglise et d’autres foyers religieux fassent des déclarations dans le sens du respect des mesures barrières en soutien à la décision prise par le Président», ajoute-t-on.
Sur le plan sanitaire, informe-t-on, l’Etat a pris les devants pour étudier la présence ou non de la nouvelle souche du Coronavirus découverte en Europe. L’Institut Pasteur et l’Iressef du Pr Souleymane Mboup sont chargés de mener les travaux (lire par ailleurs). «Mais en attendant d’avoir les résultats, il fallait prendre des mesures pour éviter que la situation devienne incontrôlable, surtout que l’OMS n’a cessé d’alerter les pays africains sur ce nouveau variant du coronavirus qui provoque une poussée de Covid-19.»
Aïda COUMBA DIOP