Le Sénégal connaît un recul préoccupant dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, selon le dernier rapport Countdown 2030 publié ce lundi à Dakar par la revue scientifique britannique The Lancet. Intitulé « Suivi des progrès en santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, adolescente et en nutrition », le rapport met en lumière une baisse significative du rythme des améliorations en matière de santé publique.
Présent à la cérémonie de lancement, Cheikh Mbacké Faye, directeur exécutif de l’African Population and Health Research Center (APHRC), a tiré la sonnette d’alarme : « Un ralentissement alarmant des progrès dans le domaine de la santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile a été observé. Cela en raison de crises globales telles que la pandémie de Covid-19, l’insécurité alimentaire, les conflits armés et le changement climatique. » Il souligne également une baisse du financement alloué à la santé et à la nutrition.
Pour sa part, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Sy, a exprimé son inquiétude face à des chiffres jugés « inacceptables ». Il rappelle qu’en 2020, environ 287 000 femmes sont mortes pendant ou après une grossesse ou un accouchement, avec 87 % de ces décès survenus en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, alors que la majorité aurait pu être évitée.
« Le Sénégal a pourtant élaboré et mis en œuvre plusieurs plans pour réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Aujourd’hui, notre pays est à un tournant décisif », a-t-il déclaré, soulignant l’urgence d’accélérer les efforts pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD).
Le rapport souligne par ailleurs que les taux annuels de réduction de la mortalité maternelle, néonatale, infantile et adolescente dans les pays à faibles revenus entre 2016 et 2022 étaient de 2 à 3 %, bien en-dessous du rythme requis pour atteindre les objectifs fixés à l’horizon 2030.
Ce constat appelle à une mobilisation renforcée, tant au niveau national qu’international, pour redonner à la santé des femmes, des enfants et des adolescents la place prioritaire qu’elle mérite dans les politiques publiques.