Cinq ans après son adoption, la loi n°2020-04 relative à la prévention et à la réduction de l’incidence des produits plastiques sur l’environnement peine toujours à produire les effets escomptés. Un séminaire de deux jours, ouvert mardi à Dakar, ambitionne de dresser un état des lieux critique de son application et de formuler des pistes concrètes pour son amélioration.
Présidant la cérémonie d’ouverture, le député Samba Dang, septième vice-président de l’Assemblée nationale, a appelé à une relance vigoureuse du débat autour de cette loi jugée « essentielle » pour la santé environnementale et économique du pays. « Ce séminaire est une opportunité majeure de dialogue entre parties prenantes pour améliorer le texte et en assurer une application harmonisée sur tout le territoire national », a-t-il affirmé.

Adoptée en janvier 2020, la loi n°2020-04 avait abrogé celle du 4 mai 2015, marquant une nouvelle étape dans la lutte contre la pollution plastique. Elle vise à instaurer une gestion efficace des déchets plastiques tout en favorisant l’émergence d’une économie circulaire. Mais les résultats restent très en deçà des attentes.
Selon Samba Dang, moins de 15 % des quelque 250 000 tonnes de déchets plastiques produits chaque année sont recyclés. Les conséquences environnementales et économiques sont alarmantes : dégradation des écosystèmes, contamination des cours d’eau, menaces sanitaires croissantes, mais aussi pertes économiques pour des secteurs clés comme la pêche, l’agriculture, le tourisme ou l’élevage.
Le député a plaidé pour une évaluation rigoureuse des effets réels de la loi, cinq ans après son entrée en vigueur, soulignant l’urgence de procéder aux ajustements nécessaires. « Il est temps de sortir du statu quo », a-t-il martelé.
Baba Dramé, directeur de la réglementation au ministère de l’Environnement et de la Transition écologique, a quant à lui insisté sur la nécessité de renforcer le cadre opérationnel de l’économie circulaire. Il a regretté le manque d’impact concret de la loi jusqu’ici, pointant une responsabilité partagée entre l’État et les acteurs privés, collectivités et organisations de la société civile.
Alioune Ndao, président de la commission des délégations à l’Assemblée nationale, a précisé que ce séminaire vise à identifier collectivement les obstacles à la mise en œuvre de la loi, à capitaliser sur les expériences locales et à proposer des solutions « concrètes et réalistes ». Il s’agit, selon lui, d’agir « avec méthode, engagement et esprit de partenariat » pour redonner vie à une législation ambitieuse mais encore trop peu appliquée.
En définitive, cette rencontre s’annonce comme une étape déterminante pour relancer l’ambition environnementale du Sénégal face à la menace croissante de la pollution plastique.