« AUTEUR DE L’ARTICLE : Ibrahima NGOM/Damel »

Dans l’arrondissement de Keur Momar Sarr (département de Louga), la gestion du foncier est devenue une source majeure de conflits. Le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC), attributaire de 2 500 hectares dans cette localité, est accusé par les populations de brader ces terres au profit de l’agrobusiness, en particulier des multinationales. Une situation qui, selon Djiby Amady Sow, alias « Ben Laden », alimente l’exode rural, la pauvreté et l’émigration clandestine. Le Secrétaire général du Syndicat des Éleveurs de la Nouvelle Génération (SENG) interpelle les nouvelles autorités étatiques et annonce un plan d’action pour faire entendre la voix des populations.
« La situation du foncier dans l’arrondissement de Keur Momar Sarr (Communes de Keur Momar Sarr et de Syer) est aujourd’hui préoccupante. Nous, au SENG, tirons la sonnette d’alarme. Le PRODAC, bénéficiaire de 2 500 hectares dans cette zone, détourne les objectifs initiaux. Au lieu d’encourager les jeunes à créer des Domaines Agricoles Communautaires (DAC), il brade les terres aux entreprises agro-industrielles, notamment étrangères. C’est grave et inacceptable. Les demandes des populations autochtones sont systématiquement rejetées », dénonce le SG du syndicat.
Selon lui, cette situation est à l’origine d’un profond désespoir chez les jeunes. « Ici, le chômage est chronique, la pauvreté extrême. De nombreux jeunes n’ont d’autre choix que de prendre la mer, dans des pirogues de fortune, à la recherche d’un avenir meilleur. C’est à l’opposé total de la ‘Vision Sénégal 2050’ prônée par les nouvelles autorités. Comment peut-on atteindre l’autosuffisance alimentaire si on est incapable de gérer ces injustices ? », s’interroge-t-il.
Et Djiby Amady Sow de prévenir : « Après le PRODAC, ce sont maintenant les Indiens qui nous envahissent. Ils s’allient à des lobbies pour s’accaparer ce qu’il reste des terres à Keur Momar Sarr et à Syer. Nous interpellons directement le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. Il est urgent de mettre fin à cette dépossession. Nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents ont toujours vécu ici. Nous préparons une grande marche de protestation pour nous faire entendre. »
Parmi les autres doléances des populations de Keur Momar Sarr et de Syer figure également le problème de la délimitation des deux communes, qui se chevauchent. Les habitants réclament le retour à la carte issue du découpage administratif de 1976, estimant que la configuration actuelle est génératrice de tensions.