À l’heure où Israël lance une attaque d’ampleur sur l’Iran, dénonçant le fait que la république islamique a atteint un “point de non-retour” vers la bombe atomique, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) sort un rapport qui alerte : le monde se dirige vers une nouvelle course aux armements nucléaires.
Israël dit disposer de renseignements prouvant que Téhéran s’approchait du « point de non-retour » vers la bombe atomique. Les experts relativisent : oui, l’Iran a franchi des étapes concernant l’enrichissement de l’uranium (nécessaire à la fabrication d’armes nucléaires) mais cela fait des années que Téhéran est « sur le point » d’acquérir la bombe nucléaire. Et Israël est elle-même la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, même si elle ne veut pas le reconnaître. Le rapport du Sipri tombe donc à pic pour faire le point : où en est l’arsenal nucléaire mondial ?
Quels pays disposent de la bombe nucléaire ?
Neuf pays disposent d’un arsenal nucléaire. Seuls cinq pays y sont autorisés par le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires : les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et la France, soit les pays qui avaient fabriqué une bombe nucléaire avant le 1er janvier 1967.
Trois pays ont reconnu l’avoir développé après la fin de la guerre froide : l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord. Le 9e pays, Israël, n’a jamais reconnu officiellement être en possession de cette arme.
Par ailleurs, quelques pays hébergent des armes nucléaires américaines sans être eux-mêmes des puissances nucléaires. Il s’agit de l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Turquie… et la Belgique, qui les abritent sur la base de Kleine Brogel. Selon la Biélorussie et la Russie elle-même, la Russie a également déployé des armes nucléaires sur le territoire biélorusse.
D’autres pays pourraient-ils s’y mettre ?
L’Iran est soupçonné de vouloir se doter de la bombe atomique. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le pays enrichit actuellement l’uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% autorisée par l’accord nucléaire iranien de 2015 conclu avec différents Etats (Chine, Etats-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, auxquels s’ajoute l’Union européenne). Mais, lors du premier mandat de Donald Trump, les Etats-Unis se sont retirés de cet accord, le rendant caduc aux yeux des Iraniens.
Des négociations étaient dernièrement en cours entre les Etats-Unis et l’Iran pour trouver un nouvel accord. Elles n’ont pas abouti. Trump avait évoqué un délai de 60 jours pour conclure. Israël a attaqué l’Iran le 61e jour.
« Il y a d’autres pays qui sont au seuil nucléaire, qui ont les capacités techniques et technologiques de se doter de l’arme mais qui ont renoncé à le faire », explique Yannick Quéau, directeur du Groupe de recherche et d’information pour la paix et la sécurité (GRIP), qui cite notamment le Canada ou la Suède. « Parmi les pays qui pourraient le faire techniquement, il n’y en a pas beaucoup qui ont intérêt à le faire, d’un point de vue stratégique et au regard des dépenses très importantes que cela exigerait. »
Cela dit, précise le directeur du Grip, au Moyen-Orient, cela pourrait changer. « Si l’Iran acquiert l’arme nucléaire, on pourrait avoir un effet d’entraînement au Moyen-Orient, assez immédiat sur l’Arabie saoudite. » De même, l’attaque de l’Iran par Israël pourrait aussi inciter certains pays de la région à se doter de l’arme nucléaire : « Israël vient d’envoyer un message très fort à l’Arabie saoudite, par exemple : que son surarmement n’était peut être pas suffisant. Il y a un risque à la fois de prolifération d’armes nucléaires et d’armes non nucléaires. »