
L’affaire ASER–AEE POWER EPC revient sur le devant de la scène avec une question écrite adressée par le député Thierno Alassane Sall au ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, au sujet de soupçons d’irrégularités entourant les garanties d’assurance délivrées par SONAC dans le cadre d’un marché d’électrification rurale.
Selon le député, la société AEE POWER Espagne a obtenu, par le biais d’une offre spontanée, un important marché public portant sur l’électrification de plusieurs localités rurales situées dans les régions de Kaffrine, Kédougou, Louga, Saint-Louis et Tambacounda. Une démarche qui, à elle seule, soulève déjà des interrogations sur les conditions d’attribution et de transparence dans un secteur hautement sensible.
Mais c’est surtout la procédure de démarrage du projet qui suscite l’inquiétude du parlementaire. En vertu des règles régissant les marchés publics au Sénégal, aucune avance de démarrage ni remboursement des dépenses engagées ne devrait être autorisé sans le dépôt préalable des garanties bancaires ou d’assurance émises par des établissements agréés par le ministère des Finances.
Or, dans cette affaire, les garanties produites par SONAC — Société Nationale d’Assurance du Crédit — auraient été délivrées en violation des règles du Code CIMA, en particulier l’article 13 du Code des Assurances des États membres de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances. Ce dernier stipule que le paiement intégral de la prime est une condition de validité des garanties.
« Il m’a été porté à attention que ces garanties auraient été émises sans paiement préalable des primes, ce qui constitue une violation flagrante des règles d’orthodoxie financière », dénonce Thierno Alassane Sall dans sa lettre au ministre.
Se fondant sur l’article 92 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, le député exige des clarifications précises sur :
Le traitement réservé par la SONAC aux saisines faites à ce sujet ;
Et, le cas échéant, les raisons pour lesquelles aucune suite n’a été donnée à ces interpellations, pourtant graves.
Cette sortie de Thierno Alassane Sall s’inscrit dans une série d’initiatives visant à renforcer la redevabilité des institutions publiques, notamment dans les secteurs à fort enjeu économique et social comme l’énergie.
Au-delà du simple respect des procédures, cette affaire pose la question cruciale de la gouvernance des projets d’électrification rurale, de la transparence des marchés publics, et de l’usage des ressources publiques. Si les faits sont avérés, ils pourraient engager la responsabilité non seulement de la SONAC, mais aussi d’autres acteurs de la chaîne de passation et d’exécution du marché.
Le silence des autorités sur ce dossier pourrait également alimenter un climat de suspicion autour des grands projets infrastructurels financés sur fonds publics ou à travers des partenariats internationaux.