L’ancien ministre ghanéen des Finances Ken Ofori-Atta fait désormais l’objet d’une notice rouge émise par Interpol, à la demande du Bureau du Procureur spécial (OSP) du Ghana. Il est accusé d’avoir utilisé sa fonction à des fins personnelles, notamment dans le cadre de la construction inachevée et controversée d’une cathédrale nationale, un projet ayant coûté 58 millions de dollars au Trésor public sans réalisation concrète à ce jour.
Ministre des Finances de 2017 à 2024, Ken Ofori-Atta est soupçonné d’avoir orchestré ou couvert des malversations autour de ce projet hautement symbolique, censé refléter l’unité nationale et la foi du pays, mais devenu pour beaucoup le symbole du gaspillage et de l’opacité budgétaire.
L’ancien ministre est désormais déclaré fugitif après avoir ignoré une convocation devant une commission d’enquête nationale. Ses avocats invoquent des raisons médicales et affirment qu’il est à l’étranger pour se soigner, dénonçant au passage une procédure politique et injuste, malgré la transmission de certificats médicaux.
Mais le procureur spécial Kissi Agyebeng a rejeté toute défense à distance, arguant qu’un suspect ne peut imposer les conditions de son audition. « La justice ne peut pas être suspendue à la convenance du suspect », a-t-il déclaré. La notice rouge, bien qu’elle ne constitue pas un mandat d’arrêt international, permet aux pays membres d’Interpol de procéder à son arrestation provisoire, en vue d’une demande d’extradition par les autorités ghanéennes.
Cette affaire s’inscrit dans le cadre de l’« Opération Récupération des Biens Spoliés », une initiative lancée par le président John Mahama, revenu au pouvoir avec la promesse de lutter contre l’impunité des anciens dirigeants. L’objectif affiché : récupérer plus de 20 milliards de dollars supposément détournés par des anciens responsables politiques et administratifs.
Ken Ofori-Atta devient ainsi l’un des premiers poids lourds de l’ancien régime à tomber sous le coup de cette vaste opération, qui pourrait entraîner d’autres poursuites contre des personnalités de haut rang.
La suite dépendra de la coopération des pays tiers avec le Ghana et de la capacité du parquet à réunir les preuves nécessaires pour un procès équitable. Pour de nombreux Ghanéens, cette affaire est un test crucial de la sincérité de la promesse de rupture du nouveau gouvernement, dans un pays où les scandales de corruption à grande échelle ont souvent été enterrés ou politiquement étouffés.
Désormais placé sous le radar international, Ken Ofori-Atta pourrait bientôt devoir rendre des comptes devant la justice de son pays, si la procédure d’extradition est engagée avec succès.