Le gouvernement sénégalais affirme sa volonté de transformer le sport en un levier de développement économique majeur, en s’appuyant sur la valorisation des actifs immatériels générés par le secteur. C’est dans cette dynamique que la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye, a présidé vendredi à Dakar la conférence inaugurale d’élaboration de la Stratégie nationale de propriété intellectuelle dans le sport, en présence de nombreuses parties prenantes nationales et internationales.
« Le sport ne doit plus être considéré comme un simple loisir, mais comme un écosystème économique à part entière, où les droits immatériels jouent un rôle stratégique », a déclaré la ministre, appelant à une mobilisation collective pour structurer une industrie sportive compétitive, génératrice d’emplois et de richesses.
Cette initiative s’inscrit dans la vision de l’Agenda Sénégal 2050, qui place le sport au cœur du développement du capital humain et de la croissance nationale. Soutenue par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), la stratégie vise à protéger et valoriser les droits audiovisuels, les marques, les innovations, les œuvres artistiques et l’image des athlètes, souvent exploités sans cadre légal.
Un potentiel encore sous-exploité
La ministre a souligné les contradictions flagrantes entre les performances sportives internationales du Sénégal et la faiblesse structurelle de son économie du sport. Elle a notamment pointé la faiblesse des revenus issus de la propriété intellectuelle dans le football local : « La Ligue sénégalaise de football capte à peine 0,3 % de son potentiel, et près de 90 % des produits dérivés vendus sont des contrefaçons », a-t-elle déploré.
Outre la contrefaçon, la piraterie audiovisuelle et l’usage abusif de l’image des sportifs menacent la viabilité du secteur. Selon la ministre, la propriété intellectuelle constitue « un levier puissant, souvent méconnu, mais fondamental » pour bâtir une économie sportive solide, respectueuse des droits de chacun.
Une opportunité unique : les JOJ Dakar 2026
Avec l’accueil des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) à Dakar en 2026, le Sénégal dispose d’une opportunité unique pour mettre en place un écosystème sportif et culturel moderne, fondé sur l’innovation, la justice et la protection des droits.
Khady Diène Gaye a insisté sur la nécessité d’une juste rémunération des artistes et créateurs, dont les œuvres enrichissent les grands événements sportifs. Elle a réaffirmé l’engagement de son ministère à défendre les droits des acteurs culturels, dans une approche inclusive impliquant l’État, les fédérations, le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques et financiers.
Une vision stratégique pour une croissance durable
L’élaboration de cette stratégie nationale ambitionne de créer un environnement favorable à la professionnalisation du secteur sportif, en assurant la protection juridique des innovations, des créations sportives, des droits de diffusion et des licences commerciales. En valorisant les actifs immatériels du sport, le Sénégal espère poser les fondations d’une économie sportive durable, génératrice de revenus et d’emplois, tout en renforçant l’attractivité internationale de ses disciplines et talents.
« La propriété intellectuelle n’est pas une option, elle est l’ossature invisible mais essentielle d’une économie sportive durable », a conclu la ministre.