Le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Me Augustin Senghor, a annoncé le 13 mars 2025 sa démission du poste de vice-président de la Confédération africaine de football (CAF), après avoir échoué à obtenir une place au sein du Conseil de la FIFA.
Me Augustin Senghor a récolté seulement 13 voix sur 53 exprimées, terminant ainsi à la dernière place parmi les 13 candidats lors de l’élection pour siéger au Conseil de la FIFA, l’organe suprême qui gouverne le football mondial. Cette défaite cuisante n’est pas seulement une déconvenue personnelle pour Senghor, mais aussi une importante remise en question de l’influence même du Sénégal dans la gestion du football africain. Retour sur les coulisses de cette débâcle et les raisons qui expliquent son échec.
Un échec cuisant aux élections du Conseil de la FIFA
Le 12 mars 2025, lors de l’assemblée de la Confédération africaine de football (CAF) au Caire (Egypte), les membres de cette organisation ont élu leurs représentants au sein du Conseil de la FIFA. Me Augustin Senghor, 1er vice-président de la CAF, fort de son expérience à la tête de la FSF et des derniers succès sportifs du Sénégal en Afrique, avait jeté son dévolu sur un siège au sein de l’instance suprême du football mondial. Cependant, son rêve de siéger à la FIFA a pris fin dès le premier tour, après que ses adversaire ont obtenu le nombre de voix nécessaires pour remporter l’élection.

Les candidats de Djibouti et des Comores ont même réussi à supplanter Me Augustin Senghor pour décrocher des sièges parmi les sept réservés au continent au Conseil de la FIFA pour les quatre prochaines années. Comment ces « petites nations du football » ont-elles réussi à devancer le géant sénégalais dans cette élection ? Cette défaite n’est pas sans conséquence pour Me Senghor qui n’a pas obtenu les soutiens tant espérés. Fragilisé, il a pris la décision de démissionner de son poste de numéro 2 de la CAF pour rester un membre simple du comité exécutif de l’instance. L’avocat d’affaires à expliqué qu’il ne pouvait pas continuer à diriger des personnes qui l’ont battu lors de cette élection. Un geste fort qui montre bien la profondeur de la déception.
Les jeux d’influence au sein de la CAF
Dans un entretien accordé au Soleil, le journaliste Hervé Penot, spécialiste du football africain pour L’Équipe, a analysé les raisons de cette défaite, qu’il attribue principalement à des jeux d’influence internes au sein de la CAF. « Visiblement, le président Senghor n’avait pas bien saisi le poids des uns et des autres, et notamment son poids dans la Confédération africaine. Il a été mis un peu de côté », confie-t-il. Cette analyse de notre confrère, met en lumière les tensions politiques sous-jacentes qui ont joué un rôle décisif dans l’issue de l’élection.
Hervé Penot ajoute que Senghor, malgré ses qualités de gestionnaire et son statut au sein du football africain, n’a pas su anticiper les dynamiques internes au sein de la CAF. « Il n’a pas compris qu’il y avait des mouvements au sein de cette Confédération. Et il aurait fallu s’en rapprocher », ajoute-t-il. Cela sous-entend que Me Senghor n’a pas suffisamment travaillé sur le terrain pour solidifier son réseau et ses soutiens au sein de l’organisation continentale.

Sa défaite peut également être perçu comme une conséquence de son manque de réseaux auprès des décideurs africains. « Ce n’est pas un travail qui se fait du jour au lendemain. C’est un travail de tous les instants », souligne Hervé Penot. Ce qui en met en lumière une réalité incontournable : les élections au sein des instances dirigeantes du football, qu’elles soient continentales ou mondiales, ne se limitent pas à la simple présentation d’un programme de réformes ou de projets. Elles dépendent aussi, et surtout, des relations tissées avec les autres membres et de la capacité à manœuvrer dans un environnement politique complexe.
Conseil de la FIFA : un poste influent avec des avantages considérables
Le siège au Conseil de la FIFA est bien plus qu’un simple honneur. Ce strapontin, tant convoité, représente un tremplin vers une carrière influente dans le monde du football mondial. Non seulement ce poste prestigieux offre une visibilité internationale, mais il ouvre également de nombreuses opportunités sein de l’administration de la FIFA, une organisation aux vastes tentacules qui régente le football à l’échelle mondiale.
Les avantages financiers liés à cette fonction sont tout aussi significatifs. Siéger au Conseil de la FIFA qui est composé de 37 membres, permet de bénéficier d’un salaire annuel de 250.000 dollars (soit environ 151 millions de FCFA) pendant quatre ans. Un revenu confortable qui attire forcément les regards, surtout dans un contexte où le football, en Afrique comme ailleurs, est devenu un secteur très lucratif. Mais ce salaire n’est que la partie visible de l’iceberg. Les membres du Conseil bénéficient aussi de nombreux autres avantages en nature, tels que des déplacements à travers le monde, des remboursements de frais, ainsi que l’accès à des événements exclusifs qui permettent de renforcer leurs relations avec d’autres acteurs influents du sport.
Un départ à la tête de la FSF ?
L’avenir d’Augustin Senghor dans la gouvernance du football africain et mondial paraît désormais incertain. Ce revers remet en question son influence tant au sein de la CAF que de la Fédération sénégalaise de football qu’il dirige avec brio depuis 2009. Acteur de premier plan de la montée en puissance du football sénégalais après plusieurs échecs en CAN, l’élection avortée à la Fifa qui devait marquer sa consécration internationale, semble désormais annoncer la fin de parcours de ce mammouth du football sénégalais.
Sauf revirement, Me Senghor ne se présentera pas pour briguer un cinquième mandat à la tête du football sénégalais lors de l’assemblée générale élective du mois d’août 2026. Et c’est un géant à coup sûr qui s’apprête à passer la main.