L’Assemblée nationale du Sénégal s’apprête à examiner, la semaine prochaine, le projet de loi n°03/2025, qui permettra la ratification d’une convention conclue avec le Maroc en 2004. Cet accord, resté en suspens pendant près de vingt ans, vise à autoriser le transfert des détenus sénégalais incarcérés au Maroc vers leur pays d’origine pour qu’ils y purgent leur peine.
Le retard dans la ratification de cet accord a suscité des interrogations, notamment sur les motivations actuelles de cette démarche. Pour Fatou Diop Cissé, présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, la situation migratoire actuelle et la montée du nombre de Sénégalais incarcérés à l’étranger, en particulier au Maroc, justifient cette initiative. Elle a rappelé qu’en raison de l’augmentation des flux migratoires, un nombre croissant de jeunes Sénégalais se trouvent incarcérés au Maroc. Selon elle, permettre à ces détenus de purger leur peine au Sénégal leur offrirait un meilleur accompagnement et faciliterait leur réinsertion sociale.
Fatou Diop Cissé a également souligné l’engagement du Premier ministre Ousmane Sonko, qui a fait de l’assistance aux Sénégalais de la diaspora une priorité. L’initiative répond ainsi à une demande croissante des détenus et de leurs familles, qui souhaitent voir leurs proches rapatriés pour des raisons humanitaires et sociales.
Concernant des spéculations sur une éventuelle corrélation entre cette ratification et la présence de l’ex-président Macky Sall au Maroc, Fatou Diop Cissé a tenu à dissiper tout malentendu. Elle a précisé que cette convention n’a aucun lien avec l’ancien président, ni avec un quelconque traitement de faveur. Il s’agit d’un acte destiné exclusivement à répondre à la situation des Sénégalais incarcérés au Maroc et de renforcer les relations judiciaires entre les deux pays.
Le projet de loi a déjà été approuvé lors du Conseil des ministres du 22 janvier dernier, puis validé par plusieurs commissions de l’Assemblée nationale. L’accord, une fois ratifié, devrait offrir aux détenus des deux pays la possibilité de purger leur peine dans leur pays d’origine, dans un cadre plus humain et propice à leur réinsertion après leur libération.
Cette démarche traduit l’engagement du Sénégal à améliorer les conditions de ses ressortissants détenus à l’étranger tout en renforçant la coopération judiciaire avec le Maroc. D’autres accords similaires pourraient être envisagés avec d’autres pays dans le futur, afin de mieux gérer la situation des Sénégalais incarcérés au niveau international.