Au Tchad, la gomme arabique fait partie des principales marchandises exportées, avec le pétrole, le bétail et le coton. Depuis près de deux ans, la filière est sous les projecteurs avec la situation sécuritaire qui s’est dégradée au Soudan.
La guerre civile qui oppose depuis avril 2023, les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) à l’armée nationale soudanaise ne fait pas que des malheureux sur le marché mondial de la gomme arabique.
Avec cet épisode qui a eu des répercussions sur la fourniture des industriels mondiaux dans cette matière première utilisée comme stabilisant ou émulsifiant dans plusieurs produits alimentaires (confiserie, boissons gazeuses et liqueurs notamment), le Tchad s’est frotté les mains durant l’année écoulée.
Selon les données du spécialiste en conseil agricole N’kalô, les exportations de gomme arabique tchadienne vers les USA ont atteint 2 041 tonnes en 2024, un niveau en hausse de 37 % en glissement annuel.
De même, durant l’année écoulée, les ventes vers la France, principal exportateur de la gomme transformée (près de deux tiers du marché mondial) ont crû de 40 % à 12 787 tonnes, une performance record sur le marché de l’Hexagone.
Cette tendance positive à l’export pour la filière témoigne de l’émergence du Tchad comme une origine clé dans la stratégie de diversification des approvisionnements des acteurs du marché.
Même si le Soudan fournit 80 % de la production de gomme arabique mondiale et demeure, malgré la guerre, le premier exportateur mondial avec de nouvelles routes d’acheminement de la gomme vers le reste du marché mondial via l’Egypte, N’kalô souligne qu’il y a une véritable volonté des industriels de diversifier leurs sources d’achats, en raison du contexte sociopolitique instable dans le troisième pays le plus vaste d’Afrique.
Avec des progrès dans la quantité et la qualité sur les dernières décennies et les déboires du Nigeria, son concurrent immédiat pénalisé par la mauvaise organisation et la perturbation de l’offre liée à l’insurrection de Boko Haram, le Tchad, actuel second exportateur mondial de gomme dure (de couleur plus claire et plus chère que la gomme friable) a profité du report de la demande.
Par ailleurs, les préoccupations globales pour une chaîne d’approvisionnement exempte de conflit, respectueuse des droits humains et dont les matières premières ne proviennent pas d’un trafic illégal pourraient inciter des acteurs de l’industrie des ingrédients alimentaires à se tourner vers le Tchad.
D’après N’kalô, la situation continue de profiter cette année aux producteurs avec des prix en hausse. Le kilogramme de gomme dure s’est échangé durant la semaine dernière entre 1200 et 1400 FCFA contre 900-1200 FCFA dans la dernière semaine de décembre.
Pour rappel, la gomme arabique est principalement produite dans l’ouest et l’est du Tchad dans les régions de Chari Baguirmi, Hadjer Lamis, Guéra et Salamat. La culture fournit des revenus à plus de 500 000 personnes selon les données officielles.