Le riz est la seule céréale majeure destinée presque exclusivement à l’alimentation humaine. Cette spécificité fait de la graminée un produit de première nécessité dont les évolutions ont des implications directes sur la sécurité des pays importateurs.
Après avoir atteint en 2023 leur plus haut niveau depuis 2008 et être redescendus en 2024, les prix mondiaux du riz connaîtront une nouvelle accalmie cette année. Selon la dernière note de l’Observatoire des statistiques internationales sur le riz (Osiriz), ceux-ci pourraient même descendre à leur plus bas niveau depuis 10 ans.
Offre pléthorique et demande atone
Le scénario pronostiqué par la revue du Cirad a pour toile de fond principale le niveau confortable des disponibilités sur le marché mondial.
En effet, la campagne 2024/2025 s’annonce exceptionnelle avec une production de riz blanchi qui devrait atteindre 532,8 millions de tonnes selon les dernières prévisions du Département américain de l’agriculture (USDA).
C’est plus de 10 millions de tonnes de plus que l’année précédente et un nouveau record. Cette performance est d’abord le fait de l’Inde dont l’offre est attendue en hausse de plus de 7 millions de tonnes à 145 millions de tonnes.
Un niveau attribuable aux pluies abondantes de la mousson, qui ont incité les agriculteurs à étendre les superficies cultivées. En dehors de l’Inde, la situation de l’offre sera aussi bonne en Thaïlande, au Vietnam et au Pakistan où les récoltes devraient progresser cette saison, quoique de manière plus modérée.
Si globalement du côté de l’offre mondiale, l’heure est donc à l’embellie, on ne peut pas dire la même chose au niveau de la demande mondiale.
Certes les Philippines resteront le premier importateur mondial, mais le volume d’achat ne grimpera que de 100 000 tonnes à 5,4 millions de tonnes en 2024/2025. Entre 2022/2023 et 2023/2024, les achats avaient bondi de 1,4 million de tonnes en glissement annuel.
Sur un autre plan, les changements du côté de l’Indonésie ont assombri les perspectives pour le commerce mondial. Le second importateur mondial de riz a en effet décidé de réduire drastiquement ses achats sur le marché dans le cadre de la politique d’autosuffisance affichée par le nouveau président Prabowo Subianto.
Selon l’USDA, les importations du 4e pays le plus peuplé du monde devraient ainsi passer de 4,2 millions de tonnes à 1 million de tonnes en 2024/2025.
Avec un tel tableau, les principaux exportateurs mondiaux du riz s’activent pour écouler leurs récoltes. L’Inde qui a assoupli sa politique commerciale et ouvert ses vannes durant le dernier trimestre 2024, ce qui a renforcé la concurrence sur le marché.
Signe de son retour définitif sur le marché, le pays devrait augmenter de 27 % ses exportations à 22 millions de tonnes d’ici la fin de la saison, de quoi retrouver un niveau d’avant les restrictions d’il y a deux ans.
Ce contexte reste délicat pour les autres acteurs. Si en 2024, la Thaïlande, le Vietnam et le Pakistan avaient su profiter d’un report de la demande, lié à l’absence de l’Inde, pour réaliser des ventes record, cette année s’annonce déjà en demi-teinte et les marges de manœuvre réduites. D’autant plus qu’en dehors des Philippines et de l’Indonésie qui plomberont le commerce mondial, les acheteurs ne se pressent pas au portillon.
Selon Osiriz, les opérateurs semblent adopter une posture attentiste et attendent que les cours mondiaux se stabilisent avant d’engager de nouveaux contrats. Il faut dire que les prix à l’exportation du riz sont en chute libre depuis le début de cette année sur fond d’âpre concurrence et d’une demande faible à l’export.
Les données de la firme de conseil S&P Global Platts montrent que le prix FOB du riz indien brisé à 5 % a atteint le 8 janvier 434 $ la tonne, soit son plus bas niveau depuis 19 mois. Un tarif qui faisait de cette origine la seconde plus compétitive de la région derrière le riz blanc vietnamien vendu à 429 $ la tonne.
D’après la revue du Cirad, la tendance baissière pourrait se prolonger sur la première partie de l’année en raison du recul du commerce mondial, prévu pour cette année.