L’académie de Ziguinchor a enregistré l’année dernière un taux de déperdition scolaire de l’ordre de 10 % chez les filles, dont l’éducation est freinée par la problématique épineuse des grossesses et mariages précoces, mais aussi par les nombreux cas de violences subies par ces filles en milieu scolaire.
En 2022, Ziguinchor, l’une des régions les plus scolarisées du pays, a enregistré un bond en avant dans le secteur de l’éducation. Du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) au Bac général, en passant par le Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) et le Bac technique, l’académie de la capitale régionale du Sud s’est très bien illustrée. Elle a ainsi décroché la première place au niveau national pour l’examen du Cfee, avec un taux de réussite de 88,04 %.
Malgré ce progrès qualitatif, la région fait face à des difficultés pour maintenir ses filles à l’école. De jeunes apprenantes, parfois brillantes dans les classes antérieures, se retrouvent rattrapées par un fléau persistant : la déperdition scolaire. Dans cette académie, le taux est estimé à 10 %, ce qui reste relativement faible.
Chargée du Genre à l’Inspection d’académie de Ziguinchor, Siga Diouf Fall indique que cette contrainte majeure empêche les filles de dévoiler pleinement leur potentiel. Leur éducation, affirme-t-elle, est entravée par les nombreuses grossesses précoces et les mariages d’enfants.
« Ce jeudi 9 janvier, le ministère de l’Éducation nationale célèbre la journée nationale de l’éducation des filles. C’est une occasion de faire le point au niveau national et dans les académies. Ici, à Ziguinchor, nous nous réjouissons des avancées notables dans le domaine de l’éducation des filles. Notre combat actuel est de garantir le maintien et la réussite des filles à l’école », confie-t-elle au Soleil.
Le combat est perpétuel. Les défis sont immenses. Le challenge est de taille. Et la chargée du Genre à l’IA de Ziguinchor en est consciente. Pour y parvenir, elle souligne l’impérieuse nécessité de développer des stratégies efficaces pour éliminer tous les obstacles qui menacent le parcours des filles. « La synergie d’action entre les différents acteurs et partenaires nous a permis de dépasser le cap de la scolarisation. Et pour atteindre cet objectif, il nous faut lutter contre les grossesses précoces, les mariages d’enfants et les violences en milieu scolaire », insiste Mme Fall, rappelant que l’heure est venue de guider les filles vers les filières scientifiques et techniques.
Elle salue également l’organisation du concours régional « Miss maths et Miss sciences », qui ne cesse de susciter une saine émulation parmi les filles, leurs parents et les chefs d’établissements, qui accordent désormais une importance capitale aux disciplines scientifiques et techniques.
La percée des jeunes filles
L’académie de Ziguinchor est souvent citée en exemple pour l’éducation des filles. Depuis quelques années, ce sont elles qui redonnent la dignité à toute la région. Elles ont permis à Ziguinchor de renouer avec les mentions, notamment dans les filières scientifiques. En 2021, dans toute l’académie, il n’y avait qu’une seule mention « Très bien ». Cette distinction a été attribuée à Safiétou Diallo, élève du lycée technique excellence de Diourbel. Cette élève de la série S2, qui a composé au lycée Djignabo Bassène de Ziguinchor, a sauvé l’honneur de la région, en quête de mentions dans les séries scientifiques.
Une année plus tard, Aissatou Tabaski Fall a décroché le Bac avec la mention « Très bien » en S1, une ancienne élève du lycée Djignabo Bassène, avec une moyenne de 17,26/20. C’était une première depuis plusieurs années. En plus de Mlle Fall, Aissatou Sané, élève au lycée Djignabo, a également obtenu la mention « Assez bien » en S1.
Cependant, le défi demeure le maintien des filles à l’école. Aujourd’hui, Siga Diouf Fall précise que les acteurs du système éducatif ziguinchorois sont déterminés à faire de ce vœu une réalité dans les années à venir. Elle se félicite des dispositifs inclusifs déjà mis en place dans l’académie pour résoudre de manière définitive l’équation du maintien des filles à l’école.
Elle rappelle également que des cellules « genre » sont implantées dans chaque établissement, de l’élémentaire au secondaire. En plus du soutien des cellules féminines, la chargée du Genre à l’IA de Ziguinchor souligne que le Réseau des femmes enseignantes œuvre à travers son plan d’action annuel pour développer des stratégies visant à favoriser la réussite des filles à l’école. Selon Mme Fall, leur réussite et leur maintien « passent par des renforcements de capacités en leadership, avec un accent particulier sur l’accompagnement des filles vulnérables, grâce à un système de référencement pour une prise en charge holistique ».