«Des conflits et des litiges sont en gestation un peu partout dans la commune de Notto Diobass, où le Conseil municipal a récemment procédé à des désaffectations dont les conséquences vont ultérieurement surgir.» Le constat émane du Collectif des détenteurs terriens du village de Kissane qui, au cours d’un point de presse tenu ce 4 janvier 2025, a dénoncé vigoureusement «une agression foncière dans la commune».
A Notto Diobas, la population s’offusque de «la forfaiture qui est en train de se dérouler à Kissane». «On ne peut pas accepter le fait que des personnes venues d’ailleurs arrachent la terre aux populations qui l’ont préservée des années et des années, se l’approprient et y appliquent des lotissements et spéculent au grand dam des populations du terroir», disent les habitants.
Le chargé de communication de l’Association pour le développement de Kissane, Arona Rachid Pouye, par ailleurs chargé de la Commission foncière de l’Aassociation de Pakhoum Diobass, et ses camarades, évoquent «la forme du «projet» d’une mutuelle qui présente des forfaitures». L’Association pour le développement de Kissane (Adek) est sans équivoque : «Que toutes les démarches entreprises concernant ce projet soient interrompues pour y voir plus clair.».
Arona Rachid Pouye et ses camarades soulignent que «la population de notre terroir rejette ce projet qui est déjà une source de tension et de division dans le village». «Malgré nos multiples alertes, il nous a été donné de constater qu’il y a des velléités de délibérer nos terres au nom de la commune», dit l’Adek. Ce qui, prévient-il, «serait scandaleux».
Une forme biaisée
Le Collectif des détenteurs terriens du village de Kissane soutient encore : «Certaines populations dont celles de Sessene ont subi un vol, d’autres ont été indemnisées avec la modique somme de 200 000 F Cfa par champ et n’ont reçu que 190 000 F, les 10 000 F étant défalqués par un intermédiaire pour, dit-il, son carburant. Une famille qui habite dans la zone depuis plus de 10 ans est sommée d’abandonner les lieux pour une indemnisation dérisoire de 190 000 F Cfa. Le samedi 7 septembre 2024, des bulldozers se sont attaqués à la zone pour défricher une superficie de 9 ha dont une partie de la forêt classée. Des faits prévus et punis pénalement par le Code forestier de 2018.»
A la lumière de ces précisions, et, disent-ils, «avant que l’irréparable ne se produise», les Diobassois jugent nécessaire d’attirer l’attention du maire Alioune Sarr qui, disent-ils, «ne semble pas penser à la prochaine génération», sur le fait que «les 66 ha dont il est question occupent 12% de la zone des terroirs du village de Kissane», qu’«aucun accord n’a été trouvé entre le représentant de la mutuelle des douanes sénégalaises et les populations du terroir pour les terres détenues par elles, encore moins avec l’Adek», que «les terres en question sont détenues par des personnes identifiables».
Ils rappellent aussi que «les populations du terroir, pour la partie des terres qui les concernent, sont contre toute éventuelle attribution directe ou indirecte par quelque moyen qu’il soit et à qui que ce soit si ce ne sont pas leurs détenteurs», qu’«une dépossession de ces terres ne créera qu’un conflit, puis un litige de trop qui pourrait nous être économisé, sans préjudice de ses externalités négatives». Selon eux, «cette question foncière commence à prédire des lendemains incertains et il serait préférable que le maire siffle la fin de la récréation».
Les populations, qui disent suivre avec beaucoup de délicatesse et de vigilance ce dossier, décident de faire constater par exploit d’huissier tous les actes posés dans le sens de la «dépossession de leurs terres».