Le duo Diomaye/Sonko rappelle sans doute aux anciens celui que formait Senghor et Mamadou Dia. Bien sûr, le contexte législatif et réglementaire n’est pas le même. Dia avait des pouvoirs que lui conférait la Constitution. Senghor était un Président qui s’occupait de certains domaines réservés même si, parfois, la confusion avec ceux de Dia semait un certain malaise. C’est d’ailleurs ce qui a conduit aux événements de 1962 avec l’arrestation de Dia et de certains de ses affidés dans un contexte de guerre froide qui avait exacerbé les tensions.
Aujourd’hui, en écoutant successivement Ousmane Sonko le vendredi puis Bassirou Diomaye Faye le mardi, cela m’a renvoyé au duo Senghor/Dia. Même si Sonko reste un Premier ministre statutairement, il n’en reste pas moins vrai que dans les faits, il s’impose comme celui qui incarne l’Exécutif dans la mise en œuvre des politiques auxquelles il a largement participé à l’élaboration.
Diomaye, en faisant son adresse à la Nation, a été obligé de tenir compte de cela. Comme.Senghor, il s’est largement limité à la politique étrangère, à la diplomatie, à la sécurité nationale et à l’unité nationale. Son évocation des questions liées à la jeunesse et aux femmes n’a été qu’une façon, pour lui, d’entretenir l’espoir, de pousser le peuple à croire encore à leur projet.
Le reste, c’est l’affaire de Sonko. Bien sûr, Diomaye a annoncé quelques initiatives comme les déclarations de patrimoine pour tous, mais il ne pouvait trop détailler. Sonko l’avait déjà largement fait. Alors, si le duo veut perdurer, il doit exactement fonctionner de cette façon. Le président de la République a des domaines réservés qui lui sont spécifiques.
La mise en œuvre des politiques publiques est du ressort du Pm. Il en est ainsi en Angleterre, en Italie, en Iran ou ailleurs avec des Présidents de la République ou un Roi au-dessus de la mêlée et des Pm qui font le job. Diomaye doit donc rester autant que faire se peut « apolitique « , equistant des chapelles. Il est président de tous les sénégalais et doit, à tout moment, incarner ce statut. Il appartient en revanche à Sonko et aux pastéfiens de bien comprendre cela et de toujours œuvrer à ne pas affaiblir l’image de Diomaye. Et ceci pour le bien de la République.