Ce fut douloureux comme un matin de gèsine ! De braves et dignes fils d’Afrique recrutés de force par l’empire français colonial envahi par l’Allemagne nazie, furent réprimés dans le sang par les forces militaires de cette même Grande Métropole.
Tragique ! Ces sénégalais et d’ailleurs, pompeusement appelés « Tirailleurs sénégalais », démobilisés au camp de Thiaroye (Dakar) et qui ne demandaient que ce qui leur devait revenir de droit (pécules et indemnités). Cela en dit long sur l’ingratitude, le manque de mémoire du cœur, la cruelle barbarie de ces faux-frères qu’ils prêtaient main forte pour briser les chaînes. Ils furent, pourtant, venus chez nous pour nous apporter les valeurs civilisationnelles.
Que nenni ! Ils ont brimé, volé, violé, trahi, pressuré, pogromisé et, cela reste… encore. Ils furent le symbole de la pire et pure cruauté. De méchants cons, de vrais chenapans, d’honteux brigands si coléreux !
Ces tirailleurs sénégalais ont véhément bravé les rigueurs du climat d’outre-mer pour faire face à l’ennemi. En dépit de la supériorité mécanique du camp d’en face, ils n’ont jamais fléchi sur le champ de l’honneur. Ils avaient en bandoulière les valeurs purement africaines le « joom », le »fuula », le « fayda », le »ngoor » comme viatique, pour ne pas dire, comme unique aiguillon pour sauver la France des griffes du nazisme naissant.
Même l’inhumain-cruel- satan Adolf Hitler a pu reconnaître cette irréfragable bravoure des troupes noires, je le cite: »Si ce n’étai(en)t pas les noirs braves comme des lions et nombreux comme des fourmis, je bombarderai la France en 24 heures et je mettrai Paris dans une bouteille ». Cela en dit donc long sur l’exploit des régiments noirs sur tous les théâtres d’opération durant cette grande conflagration mondiale. Pardi ! Leur contribution à l’émancipation de la France, à l’avènement d’un monde libre était de loin d’être vaine. Les tirailleurs ont ,de cette manière-ci, écrit les plus belles pages de l’histoire de l’ex- puissance dominatrice.
Après avoir défendu une cause qui n’était pas la leur, ils ont été froidement massacrés un matin du 1èr décembre 1944. Les yeux bouffis d’espoir de rentrer chez leurs familles respectives et ce, après des années de sacrifices, ils ont été envoyés au boulevard des allongés (méchamment tués), au camp militaire de Thiaroye qui continue de les pleurer pour toujours. Voilà tant de rêves brisés, de nombreuses familles démantibulés par ce carnage indigne de l’époque des Barbares.
Leur belle épopée ne doit pas être couverte du linceul de l’oubli. Ce sera une seconde mort. C’est heureux que pour l’an 80 de la commémoration de ce massacre de masse, le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye a pris des mesures digne de louanges pour le rétablir de la vérité sur cet épisode si atroce de notre passé colonial.
En tant que noir et fier de l’être, en notre qualité d’ami de l’Afrique et du monde noir, nous applaudissons des deux mains l’institutionnalisation d’une « Journée des Tirailleurs sénégalais »(1er décembre de chaque année), l’intégration de cette parenthèse douloureuse du fait colonial dans nos curricula scolaires pour sa meilleure intelligence par les générations montantes et celles futures, mais aussi, l’érection d’un centre de documentation et de recherche dédié à ce pan tragique de notre histoire.
*Ibrahima NGOM Damel,
Journaliste,
Un défenseur de la cause africaine.