(Téhéran) L’Iran a assuré samedi avoir le « devoir de se défendre » après des frappes aériennes contre des sites de fabrication de missiles menées par Israël, qui a menacé la République islamique de lui faire « payer un prix élevé » si elle répliquait.
Ces bombardements surviennent près d’un mois après les frappes iraniennes de missiles sur Israël, à un moment où l’armée israélienne est en guerre contre deux mouvements islamistes soutenus par l’Iran : le Hamas dans la bande de Gaza depuis plus d’un an et le Hezbollah au Liban depuis fin septembre.
L’attaque israélienne contre « des sites militaires dans les provinces de Téhéran, du Khouzestan (Sud-Ouest) et d’Ilam (Ouest) », a causé des « dégâts limités », a indiqué l’armée iranienne, ajoutant que deux militaires avaient été tués, sans préciser où.
Après les tirs de quelque 200 missiles iraniens le 1er octobre, Israël avait juré de se venger, et Téhéran avait assuré être prêt à riposter à une attaque, faisant craindre une guerre régionale.
Avec ces frappes, l’armée israélienne a « achevé la réponse aux attaques de l’Iran contre Israël », selon le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée.
Mais l’Iran « considère qu’il a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d’agression étrangers », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi.
Deux militaires tués
L’armée israélienne a indiqué avoir « frappé des sites de fabrication de missiles […] que l’Iran tire sur l’État d’Israël depuis un an. Ces missiles étaient une menace directe et immédiate pour les citoyens d’Israël ».
« Le régime iranien et ses relais dans la région ont attaqué sans relâche Israël depuis le 7 octobre (2023) sur plusieurs fronts, notamment des attaques directes depuis le sol iranien », a-t-elle poursuivi.
Selon l’armée, les frappes ont aussi visé « des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens qui avaient pour but de restreindre la liberté d’Israël d’opérer en Iran ».
Dans la nuit en Iran, l’agence de presse officielle Irna avait rapporté de premières détonations vers 2 h 15 locales, principalement à l’ouest de Téhéran, tandis que la télévision d’État avait fait état de « six fortes détonations » autour de Téhéran, « liées à l’activation du système de défense aérienne ».
Des journalistes de l’AFP avaient entendu des détonations accompagnées de traînées lumineuses dans le ciel vues depuis le centre de la capitale iranienne.
À Téhéran samedi matin, Sepideh, 30 ans, s’est rendue samedi au travail normalement, malgré les craintes d’escalade. « Je ne pense pas qu’il y aura la guerre en Iran », assure à l’AFP la jeune femme qui n’a pas donné son nom.
Alliés d’Israël, les États-Unis ont qualifié les frappes israéliennes de « manœuvres d’autodéfense » et sommé Téhéran de « cesser ses attaques contre Israël pour que ce cycle de violence puisse se terminer sans nouvelle escalade ».
L’Allemagne a appelé l’Iran à éviter toute « réaction massive », tandis que la Russie s’est inquiétée d’une « escalade explosive ».
Les frappes israéliennes ont été condamnées par plusieurs pays du Moyen-Orient, comme l’Arabie saoudite, l’Irak, les Émirats arabes unis ou encore la Syrie, craignant un embrasement régional.
En Syrie, dont le régime est un allié de l’Iran, l’agence de presse étatique a rapporté des frappes israéliennes nocturnes contre des « positions militaires ».
Et à l’aube en Irak, les factions de la « Résistance islamique », nébuleuse de groupes armés irakiens alliés de Téhéran, ont revendiqué une attaque de drone contre une « cible militaire » dans le nord d’Israël.
Pays du Golfe inquiets
Sur le front libanais où Israël et le Hezbollah s’affrontent, l’agence de presse Ani a indiqué que l’armée israélienne « dynamitait » des maisons dans le village frontalier d’Adaysseh.
L’armée israélienne a annoncé avoir frappé 70 cibles du Hezbollah, alors qu’elle poursuit son opération terrestre lancée le 30 septembre dans le sud du Liban frontalier d’Israël.
Le mouvement islamiste libanais a lui dit avoir visé une base du renseignement israélien vers Safed (Nord).
Après avoir affaibli le Hamas à Gaza, l’armée israélienne a déplacé le cœur de ses opérations au Liban.
Elle dit vouloir défaire le Hezbollah dans les zones frontalières et permettre le retour dans le nord d’Israël de 60 000 déplacés en raison des tirs de roquettes du mouvement islamiste depuis un an, qui a ouvert un front en soutien au Hamas le 8 octobre 2023.
Mais depuis le 6 octobre, l’armée israélienne a repris son offensive dans le nord de la bande de Gaza, où selon elle le Hamas regroupe ses forces, au moment où une reprise des pourparlers en vue d’une issue à la guerre se dessine, après la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué par des soldats israéliens le 16 octobre.
Le chef du Mossad, l’Israélien David Barnea, doit rencontrer dimanche au Qatar son homologue de la CIA, l’Américain Bill Burns, et le premier ministre qatari.
La guerre à Gaza a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
L’offensive israélienne lancée pour anéantir le Hamas a coûté la vie à au moins 42 924 Palestiniens, majoritairement des civils, d’après les données du ministère de la Santé, jugées fiables par l’ONU.