Alors que la demande mondiale de cuivre continue de croître, notamment avec la transition énergétique, le continent africain est bien positionné pour répondre à ce besoin. Toutefois, des investissements massifs seront nécessaires pour concrétiser ce potentiel.
Il faudra 10 millions de tonnes supplémentaires de cuivre primaire par an d’ici les dix prochaines années pour répondre à la demande mondiale croissante, même avec une augmentation de l’utilisation du cuivre recyclé. C’est ce qu’indique un nouveau rapport de la société minière BHP, qui prévoit que l’Afrique devrait être sur la période la région du monde où le taux de croissance de l’offre est la plus élevée, même en partant d’une base beaucoup plus faible que celle de l’Amérique latine.
Intitulé « BHP Insights: how copper will shape our future », le nouveau rapport publié lundi 30 septembre fournit des données intéressantes sur l’état et les perspectives du marché du cuivre en matière de demande, d’offre et de prix. Selon les auteurs qui prédisent une croissance annuelle de 1 million de tonnes de la demande mondiale d’ici 2035, l’Afrique devrait continuer de faire partie des trois régions qui vont dominer l’offre (avec l’Amérique latine et l’Asie-Pacifique).
Selon les détails lus par Agence Ecofin, si l’offre mondiale de cuivre a doublé sur les 30 dernières années pour atteindre environ 22 millions de tonnes, la croissance de la production africaine (citée parmi les raisons) couvre davantage les 10 dernières années. Son offre totale actuelle est évaluée à 3,6 millions de tonnes par an (sur 51 mines actives), contre 8,8 millions pour l’Amérique latine (129 mines) et 4 millions pour l’Asie-Pacifique (30 mines). Les auteurs indiquent, entre autres raisons motivant leurs prévisions pour le continent, que les nouveaux projets africains (portés en grande partie par des investissements chinois) ont fait exception à la tendance mondiale « avec une augmentation de 90 % de la production de cuivre au cours de la dernière décennie » avec une intensité d’investissement de capitaux et des taux d’exécution très compétitifs. Ils ajoutent aussi que les gisements africains représentent également huit des dix gisements les plus riches découverts depuis 1990.
Ces nouvelles données et prévisions des analystes de BHP ne sont pas surprenantes en soi. Sur les dernières années, la production africaine de cuivre augmente fortement, portée par la RDC (devenue en 2023 le deuxième producteur mondial, devant le Pérou et derrière le Chili), mais également d’autres pays comme la Zambie (qui vise une production de 3 millions de tonnes d’ici 2031) ou encore, le Botswana. En RDC, la croissance de l’offre a été dopée par le projet Kamoa-Kakula qui dispose actuellement d’une capacité de production annuelle de 600 000 tonnes. En outre, selon un rapport de S&P Global Market, la RDC a concentré en 2023 environ 65 % des nouvelles réserves de cuivre identifiées dans le monde. Cela, ajouté au dynamisme de l’exploration dans les autres pays du continent (Botswana, Namibie), illustre le potentiel minéral encore inexploité.
Alors que les analystes (de l’AIE, de BHP, de Citibank pour ne citer que quelques exemples) s’accordent sur des perspectives à long terme solides pour le marché du cuivre, la question des profits réels tirés par les pays africains de l’exploitation de cette matière première indispensable pour la transition énergétique reste d’actualité. Dans un pays comme la RDC, le FMI a cité la dernière révision du code minier parmi les facteurs qui ont entrainé une hausse des recettes minières de l’État sur la période 2018-2022. En Zambie, un projet de révision du code minier est en discussion et les points qui suscitent les critiques de l’industrie comprennent la volonté du pays d’introduire une participation minimale de 30 % pour l’État dans les projets de cuivre.