Les implications réelles du premier mandat d’Assimi Goïta à la tête de l’Alliance des États du Sahel (Confédération AES) ne vont pas surprendre les populations du Mali, du Niger et du Burkina-Faso. Car ce premier mandat sera collégial d’abord avec l’accompagnent du Général Thiany et l’assistance du Capitaine Ibrahim Traoré. Ce triumvirat militaire va faire sa fête à la Cedeao. Et c’est déjà parti avec ce qui a été donné de voir le lendemain du premier sommet de l’AES à Abuja lors du sommet des Chefs d’État de la Cedeao, puis il y a quelques jours au parlement avec les députés qui se crêpaient le chignon. La partie est donc bien engagée sur le terrain militaire, diplomatique et politique. Voici les principaux chantiers du Président Assimi, sous la bonne étoile de qui le capitaine IB a reçu le prix des BRICS et le Président Thiani a fait une faveur au Mali en nous cédant le gasoil à 225 frs Cfa.
C’est donc après quatre rendez-vous qui ont jalonné ce long cheminement vers la naissance sans césarienne de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel, que les trois chefs d’État issus du corps militaire ont eu l’honneur d’apposer leur signature au bas du document intitulé Traité portant création de la Confédération Alliance des États du Sahel. Une lourde tâche que de gérer la sécurité aux frontières de nos trois pays en guerre contre le terrorisme international, et de vouloir impulser le développement endogène des territoires en facilitant la circulation des biens et des personnes.
Mais Assimi a conscience qu’il faudra pianoter sur les deux tableaux en concertation étroite avec ses deux homologués et l’expertise en plus de leur assiduité et de leur hardiesse, de tous ces conseillers nationalistes, hauts cadres patriotes, ministres panafricains et acteurs crédibles qui leur sont partenaires. Ce ne sera pas un travail de tout repos mais basé sur la verticalité la circularité de l’information partagée entre toutes les parties engagées dans la co-construction de l’espace confédéral AES.
Dans cette perspective, sur la base du règlement intérieur du Collège des Chefs d’État de l’AES, eu égard au contenu de la déclaration finale du sommet de Niamey le 6 juillet dernier et conformément au traité ratifié par les trois Chefs d’État parrains de la charte donnant naissance à la Confédération, les documents cadres sont désormais les seules références pour l’équipe d’Assimi, afin d’opérer la mise sur rampe de lancement, pour la mise à feu de la navette spatiale AES à placer en orbite pour réussir l’installation du nouveau satellite appelé Fédération ou État fédéral de l’AES.
Dans ce sens, le suivi-évaluation des recommandations du sommet de Niamey fera la bonne gouvernance de la Confédération AES. Une gouvernance dont le premier «mandat», à l’issue de ce 1er Sommet ordinaire des chefs d’États, est confié au Colonel Assimi Goïta, Chef de l’État, Président de la Transition. Entrons dans le vif du sujet, sans hors d’œuvre et attaquons carrément le plat de résistance au menu de ce mandat singulier et particulier.
Les implications réelles découlant du premier sommet des Chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES) pour les populations des pays membres (Burkina Faso, Mali, Niger) sont multiples et couvrent divers aspects sécuritaires, économiques, et sociaux.
D’abord en termes politiques et diplomatiques, il s’agira de faire ressentir aux populations le degré d’élévation atteint dans la quête permanente de la souveraineté et de l’autonomie dans les relations internationales que nos trois pays ont avec la communauté internationale. En cela, l’annonce synchronisée de la création de l’AES le 16 septembre 2023 et le retrait définitif collectif et solidaire de la Cedeao des trois États le 28 janvier 2024, ont déjà montré la voie et la bonne posture à adopter face à tous les contempteurs qui convoitent tant le Sahel et ses bassins du Liptako Gourma et de Taoudéni.
Ce retrait de la Cedeao et l’affirmation de la souveraineté des États membres de l’AES est donc ce qui va être renforcé par plus d’autonomie politique par rapport aux centrales idéologiques et cellules d’agences communicationnelles. Et pour avoir à gagner toujours plus de capacité à dire non et à savoir prendre des décisions stratégiques en fonction de leurs propres intérêts.
Serment pour une rupture totale
Sur un autre plan, le travail commun des ministres des affaires étrangères des trois pays a suffisamment fait ses preuves jusqu’à la tenue de ce premier sommet de Niamey et leurs réponses pertinentes et responsables apportées au discours du président de la Commission de la Cedeao et au représentant de l’Union africaine et sur d’autres places des instances internationales. Un travail de coordination inlassable au plan diplomatique qui va être poursuivi, afin d’apprendre à parler d’une seule voix sur la scène internationale. Ce qui pourraient renforcer la position des Chefs d’État auprès de leurs pairs chefs d’États membres des Nations unies et d’autres organisations internationales dont les trois pays seraient également membres. Ceci, dans le but d’élargir leur champ d’influence auprès de leurs médias et chez leurs élites encore conscientes de la nouvelle donne géopolitique mondiale pour changer de fusil d’épaule dans leur manière d’aborder les affaires régionales et mondiales.
La fin de la décolonisation passe par l’AES devenue État fédéral
Dans cette voie libérée des contingences politiques pour tracer la vraie perspective fédérale, il sera important de mettre en exergue l’usage et l’emploi des techniques et moyens de communication moderne qui existent pour donner plus d’ampleur au processus en cours d’intégration des populations entre elles à travers toutes ces possibilités offertes à elles au fur et à mesure que les barrières douanières, communicationnelles, linguistiques, politiques et économiques sont petit à petit levées ; ou même de façon accélérée, arriver à les basculer sur la pente de leur destin (notre destin) fédéral. Une bonne stratégie de communication autour des mouvements sur les routes inter frontalières et une atténuation des anciennes contraintes et tracasseries qui y avaient cours devront y suffire pour obtenir une forte implication des populations elles mêmes déjà prêtes à s’approprier le projet d’État fédéral étant plus en avance et plus pressées que les États et les Armées elles-mêmes. Aussi, l’adoption d’une stratégie de communication efficace utilisant les langues nationales sur les médias publics et privés pourrait améliorer l’accès à l’information et sensibiliser les populations sur les initiatives et les décisions prises, favorisant ainsi une meilleure compréhension des objectifs et des enjeux et stimulerait une participation accrue des citoyennes et citoyens des trois pays. Le Mali est là encore un pionnier qui fera un excellent coach avec Assimi pour guider à cette décolonisation linguistique. D’autant plus qu’après l’adoption d’une nouvelle Constitution le 18 juin 2023, on est en passe de passer à la rédaction d’une Charte Nationale pour la paix et la réconciliation nationale dont la Commission chargée de rédiger l’avant projet est déjà à pied d’œuvre. Sans compter les pourparlers ouverts avec les partis politiques auprès de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) qui se poursuivent et peuvent être encore plus inclusifs.
Engagement civil et militaire
Au plan militaire, c’est la lutte contre le terrorisme qui est à la base de la création de l’AES le 16 septembre 2023 avec l’adoption de la charte du Liptako-Gourma.
Sur ce point, il est attendu des autorités maliennes d’élargir et d’étoffer le Conseil de sécurité au national et au confédéral pour une bonne maîtrise des missions de terrains en termes de sécurisation et d’éradication des combattants terroristes et groupes djihadistes. Parce qu’il n’y a plus rien à payer à cette extrêmement asymétrique guerre contre le terrorisme à l’international après le départ des troupes étrangers de territoires de l’Alliance. À présent, avec la création de la Force conjointe des États du Sahel (FC/AES) la Confédération va se doter de moyens efficaces pour toujours être en mesure d’apporter une “réponse coordonnée et renforcée contre les groupes armés terroristes”. Cela pourrait améliorer la sécurité et réduire les attaques terroristes, ce qui permettrait aux populations de vivre dans un environnement plus stable.
Soutien aux victimes
Dans cette voie, en tenant compte des recommandations des Assises nationales de la Refondation, du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation ainsi que des motifs à la base du renversement des régimes précédents ceux en place et dits de “Transition”, le Mali a beaucoup avancé et aura l’expertise nécessaire pour englober les victimes du Niger et du Burkina dans un système plus large de prise en charge qui incluraient bien des aspects si l’on considère la digitalisation en cours et la mise en application des usages et services possibles avec les coordonnées biométriques de la personne en Espace Confédération AES. Pour dire que “l’engagement à soutenir les victimes des actes terroristes et leurs familles pourrait offrir une meilleure assistance aux personnes touchées par la violence, aidant ainsi à la reconstruction des communautés affectées”.
De la libre circulation des personnes et des biens
Vu l’enthousiasme populaire qui a présidé à la mise sur ses fonts baptismaux la Confédération AES, on peut dire que les implications sociales et culturelles du mandat d’Assimi sont celles qui sont des plus attendues afin de sentir la révolution du non retour et du retrait définitif des trois États de la Cedeao, avec la bénédiction de la majorité de leurs populations encore conscientes des enjeux mondiaux en cours d’évolution et qui peuvent bien être favorables en tendance pour avoir réussi le pari de la rupture avec l’ancien ordre colonial qui nous retenait encore sous sa tutelle économique, sécuritaire, monétaire, politique et diplomatique. Une telle rupture entamée et approfondie ne saurait être vendangée. Au nom de la cohésion sociale trop précieuse à préserver avec l’ensemble des forces vives de la nation ; au nom de la paix et de la stabilité dans les localités et les terroirs de l’espace Confédération AES ; au nom de la réconciliation nationale seul horizon crédible pour plus de prospérité et de croissance dans les secteurs d’activité économique.
L’accent devra aussi être mis sur la culture, les arts, le sport, l’éducation et la formation professionnelle, engagement civique et éco-citoyen, afin d’ouvrir bien des boulevards à nos jeunes pleins de ressources nouvelles et de talents cachés. Une promotion de la Confédération AES à travers eux, permettra de renforcer le tissu social et à offrir de meilleures opportunités d’emploi et de profil de formation choisi au plan professionnel à nos jeunes. En leur offrant notamment les structures devant leur permettre de se préparer à prendre la relève en tant que nouvelle génération plus compétente et intégrée.
Au plan santé et bien-être, les décisions du collège des chefs d’État visent à réaliser ce qui doit être amélioré en faveur de l’accès des populations de l’AES aux services de soins et de santé et le lancement de programmes d’équipements des structures de santé primaires et de relèvement du niveau des plateaux techniques des hôpitaux dans le sens du bien-être et de l’amélioration de qualité de vie des populations. Ce sont là des raisons suffisantes qui vont militer pour la facilitation de la libre circulation au sein de l’AES. Une dynamique réelle qui pourrait impulser et booster le commerce intra AES et les échanges économiques avec les pays de la Zlecaf au delà des frontières de l’Uemoa et de la Cedeao dont les populations sont des consommateurs et des habitants pouvant ne plus bénéficier des avantages qu’offrent ces deux organisations communautaires. L’AES est déjà une entité de 76 millions d’individus et pour une surface de plus de 2 millions au kilomètre carré. Donc c’est l’assurance d’un large accès aux marchés et aux ressources qui verrait les trois pays occuper la place de premier producteur d’or en Afrique devant le Ghana et deuxième au monde derrière la Chine.
Au nom de notre avenir prospère
Comme on peut le voir, les projets structurants et intégrateurs sont les points phares qui doivent déclencher un élan passionnel pour faire basculer les peuples de la Confédération AES sur la pente de leur destin fédéral. Ce n’est que par la mise en place des projets communs établis en matière d’infrastructures que les secteurs miniers, industriels, de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, de l’énergie, des voies ferroviaires et autoroutières et des moyens de transports publics en commun que nous pourrons stimuler la croissance économique, créer des emplois, et améliorer les conditions de vie de nos populations. C’est pourquoi les chefs d’État ont prévu la création de la Banque d’Investissement et l’institutionnalisation d’un Fonds de stabilisation. Par la création de ces institutions financières, la Confédération AES vise à fournir des ressources pour des projets de développement et à stabiliser l’économie régionale, offrant ainsi un soutien crucial pour la croissance économique et la résilience face aux crises. Au vu des grands chantiers qu’il a initiés au Mali comme jamais auparavant il n’avait été possible d’entretenir une vision globale comme le Mali Kura vers lequel nous tendons, Assimi a le vent en poupe pour donner les grandes lignes de son programme de développement du bassin du Liptako-Gourma qui est la zone des trois frontières et des localités de leurs régions unies qui possèdent des ressources minières à valoriser et transformer.
En résumé, ces décisions et actions prises lors du sommet visent à fixer une feuille de route pour le Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta. D’ici le prochain sommet du Collège des chefs d’État en 2025, Assimi Goïta aura réussi à créer un environnement plus sûr, à stimuler le développement économique, à renforcer la cohésion sociale, à améliorer les conditions de vie, et à accroître la souveraineté et l’autonomie des États membres de l’AES.