En tenant une conférence de presse ce samedi, au Palais de la République, le Président Diomaye savait que la question des relations avec son Premier ministre était incontournable. En y répondant, il a versé dans l’émotion et le sentimentalisme symptomatique d’un certain malaise. Conséquence, il en a dit plus qu’il n’en fallait. Sa réponse, qui s’est voulue sans ambiguïté sur la question, en a rajouté aux confusions. Car, il demande à son Pm, de ne pas seulement lorgner le pouvoir, mais de le regarder…
Comme qui dirait, il était en train de reconnaître une certaine légitimité de Sonko à se comporter comme une sorte de vice-président doté de pouvoirs institutionnels propres. Même si Diomaye a eu à dire que constitutionnellement, le Pm n’a aucun pouvoir, il a plaidé pour que certaines de ses prérogatives reviennent à ce dernier. Ce qui sera loin d’être une réelle réforme de diminution des pouvoirs du Président de la République parce que ce sera toujours l’Exécutif qui sera fort. Qu’à cela ne tienne, s’il lui reconnaît une certaine légitimité politique du fait de son sacrifice dans son élection, il pourrait donner raison à ceux qui pensent que Sonko agit au-delà de ses prérogatives.
Or, pour lever les contradictions l’astuce de Diomaye a été de proposer à Sonko d’être son ami. Mais même là, le problème ne sera pas entièrement résolu. Car, Dia a été l’ami de Senghor, Habib Thiam, celui de Diouf et Boun Abdallah Dione, celui de Macky. Mais, pour autant, les problèmes n’ont pas manqué au point que l’institution ait été supprimée à plusieurs reprises.
En réalité, c’est l’homme politique sénégalais qui n’admet pas la contradiction. Cela est perceptible au niveau de leur mode de gestion des partis. La démocratie interne n’y règne pas.
C’est cet héritage lourd que Diomaye a voulu dégager en touche. Mais, il a surtout parlé pour mettre Sonko à l’aise alors que lui ne l’était pas. Nous osons espérer, dans tous les cas, que le bon sens va toujours prévaloir dans leurs relations pour le bien des institutions et du Sénégal. Car, l’important n’est pas ce que Diomaye a dit ce samedi, mais ce qu’il va faire dans un contexte où tout est urgence.