Dans le cadre de la célébration de l’an 1 de l’accord de paix de Mongone, les acteurs, médiateurs et victimes du conflit se sont retrouvés pour montrer que le silence des armes est une option résolue.
C’est la paix dans les cœurs. Une cohésion sociale d’un instant. C’est ce qu’il y avait à l’occasion de la commémoration de l’an 1 du dépôt des armes par la faction de Diakaye dans le cadre du processus de la paix en Casamance. Des activités, allant d’une randonnée pédestre à un forum sur la paix avec Diakaye comme cas d’école, ont permis aux uns et aux autres de se fréquenter, de communier et discuter sur ce qui peut renforcer cette paix, informe nos confrères du « QUOTIDIEN ». Ainsi, il y avait de la joie et de la liberté, loin des moments de peur, de tristesse, mais aussi de crainte de s’afficher avec un ex-combattant du Mfdc.
Les jeunes, les femmes, les personnes du troisième âge sont sortis massivement marcher aux côtés des ex-combattants de Diakaye et des Forces de défense et de sécurité, au vu et au su de tous, dans les rues de la commune de Ziguinchor, sur plus d’une dizaine de kilomètres, pour célébrer la paix. Même les pensionnaires de l’Inefja de Ziguinchor, les écoles, bref toutes les couches de la population ont marché pour une paix durable et définitive en Casamance. Le Gouverneur de région, Mor Talla Tine, a marché aux côtés de l’ex-commandant de Diakaye, Fatoma Coly, dans le respect. Les personnes éprises de paix, les victimes, les acteurs du conflit, les médiateurs, les femmes du bois sacré, les Forces de défense et de sécurité ont, durant trois jours, participé et manifesté leur sympathie à travers les activités organisées dans le cadre de la commémoration de la paix. Ce furent des moments symboliques, mais également un pas de plus et porteur d’espoir dans ce processus pour la paix en Casamance.
Des banderoles, t-shirts et casquettes blancs, avec des messages d’appel à la paix, ont été arborés par les randonneurs qui ont pris départ à la Maison de la paix pour terminer la marche à la Gouvernance de Ziguinchor où un mémorandum a été remis au chef de l’exécutif local. Le lendemain, le forum, qui était une autre activité pour la même cause, a permis des retrouvailles, des discussions à cœur ouvert sur les tenants et aboutissants du conflit, mais surtout sur les efforts à faire pour consolider cette paix et aller vers une paix définitive. Même la jeunesse, victime de plus de 40 ans de conflit, a eu droit à la parole pour dire ses maux aux autorités, mais également aux ex-combattants. La plupart des participants sont nés pendant ce conflit qui a déchiré cette région durant plusieurs décennies. Le Malao, Cospa, Caritas, Dynamique de la paix, l’Usaid ont permis ces moments inédits, qui ont montré que la paix est l’instant le plus important de la vie.
Une forte contribution de la jeunesse attendue dans le processus
Par ailleurs, la Société civile de la région, en partenariat avec l’Usaid, a organisé lundi un panel sur le thème : «Processus de paix en Casamance, Diakaye un cas d’école», dans le cadre de la commémoration de l’an un de l’accord de paix de Mongone. Les questions de la réinsertion des ex-combattants, du déminage, de l’état civil, de la prise en charge de l’aspect culturel, de la gestion des ressources naturelles, entre autres, ont été soulevées par les participants.
A cette occasion, le Gouverneur de la région de Ziguinchor a demandé une forte contribution de la jeunesse pour une paix définitive en Casamance. «Aucune personne, aucun groupe ne doit se sentir exclu du processus. Acceptons tous d’être des ambassadeurs, des acteurs de la paix, une paix dans les cœurs, une paix dans les esprits, condition sine qua non pour répondre aux attentes multiples des populations. Nous voulons une paix durable et définitive, avec une forte contribution de la jeunesse», a déclaré Mor Talla Tine.
Selon le chef de l’exécutif local, un processus de négociation est une œuvre de longue haleine, avec des hauts et des bas. «Mais, le plus important, c’est que les acteurs affichent leur volonté et leur engagement de dépasser leurs divergences et de privilégier l’intérêt supérieur des populations qui ont longtemps souffert de ce conflit», a souligné M. Tine.
Aujourd’hui, le Gouverneur estime que toutes les conditions sont réunies pour que la région de Ziguinchor et la Casamance naturelle tournent définitivement la page du conflit armé pour résolument aller vers une dynamique de paix durable et définitive, «qui est l’ingrédient indispensable pour tout progrès économique et social».
Le dépôt des armes par la faction de Diakaye, le 13 mai 2023, a été un pas décisif franchi par une partie des combattants du Mfdc. Toutefois, il reste encore beaucoup d’efforts à fournir pour convaincre toutes les autres factions encore réticentes d’emprunter la voie de la paix.D’ailleurs, nombre de personnes regrettent déjà la fin des projets menés dans le cadre de l’accompagnement du processus de la paix. En écho, Alyssa Leggoc, directrice de l’Usaid, a promis de continuer à être aux côtés des populations du Sénégal pour promouvoir la paix et le développement en Casamance. En effet, l’Usaid, à travers le projet Aliwili II, aide le Sénégal à réaliser ses objectifs de développement inclusif et de recherche d’une paix durable en Casamance.
Selon sa directrice, à ce jour, 180 ex-combattants ont bénéficié du programme d’accompagnement de l’Usaid. «Plus de 50 mille personnes disposeront bientôt d’un extrait de naissance», a promis Alyssa Leggoc. A l’en croire, dix mille adultes des trois départements de la région de Ziguinchor ont déjà obtenu leur extrait de naissance entre 2019 et 2023.
« SOURCE LE QUOTIDIEN »