Plusieurs femmes de la région de Sédhiou s’activent dans la transformation de sel pour subvenir à leurs besoins familiaux. Elles sont nombreuses dans les départements de Sédhiou et de Goudomp, qui jouxtent le fleuve Casamance. A côté de l’activité de la pêche de poissons, de crevettes et d’autres espèces maritimes, le fleuve de Soungrougrou, qui traverse la région, sert aussi de sources de revenus aux femmes, qui œuvrent dans la transformation de sel. Il s’agit d’une production locale qui alimente les marchés de la région de Sédhiou.
A Sédhiou, le sel est une richesse. Bien sûr, la production locale des femmes transformatrices couvre presque les besoins en sel de la région. A quel prix ? Car la transformation artisanale du sel se fait avec des outils anciens qui ne sont pas sans conséquences pour leur état de santé. Fatou Dabo, habitante du village de Tambana Ba, qui s’active depuis plus de 20 ans, explique : «Au début de la production, nous ramassions du sable au bord du fleuve. C’est ce sable salé qu’on met sur un tissu suspendu en haut avant d’y verser l’eau du fleuve, pour ensuite recueillir l’eau filtrée dans un récipient. Après cela, c’est cette eau qu’on va bouillir dans de grosses casseroles. Et au fur et à mesure que ça bout, on dégage les saletés avant d’obtenir du sel après plusieurs jours de travail. C’est un long processus, cela demande beaucoup de bois et d’énergie.»
A côté de la pénibilité de la production de sel, ces femmes n’utilisent aucun moyen de protection. Alors que les risques sont énormes. Fatoumata Biaye, transformatrice de sel dans la commune de Bambali, souligne : «Nous souffrons énormément après la transformation, car nous n’utilisons pas de gants, ni de bottes, ou encore de protections contre la forte chaleur, puisque le sel, à l’état de transformation, brûle. Les femmes de la commune sont très fatiguées, nous n’avons pas de matériel pour la production de sel, même pour la riziculture, nous cultivons avec nos mains. C’est toujours avec nos propres matériels archaïques que nous travaillons, la chaleur et la fumée nous fatiguent. Arrivées à la maison, nous sommes obligés d’utiliser l’huile de karité pour éviter l’effet de la chaleur sur notre état de santé.»
Après l’opération de production de sel, chaque femme peut obtenir environ 5 ou 6 sacs, qu’elle écoule entre 5 et 7 mille francs le sac. Sountou Sadio, habitante de Bambali, travaille également dans la production pendant très longtemps : «Aujourd’hui, tout ce que nous produisons permet de prendre en charge l’éducation et la nourriture de nos enfants. Les pots de sel varient entre 25 et 100 F. Le sac est vendu entre 5 mille et 7 mille francs Cfa. Nous consacrons beaucoup d’énergie sans gagner d’argent.»
Ces femmes avalent la fumée, supportent la chaleur. Avec les mauvaises conditions de travail, elles ne gagnent pas assez d’argent dans la commercialisation à cause de la petite quantité qu’elles produisent péniblement.
Aujourd’hui, elles réclament l’accompagnement de l’Etat et des autorités locales. «Nous avons besoin de machines de production de sel, de gants, de bottes, de plusieurs matériels pour nous protéger contre tous les dangers que nous encourons en travaillant dans ces conditions», conclut Safy Sadio, habitante de la commune de Bambali.
Ces femmes de la commune de Bambali regrettent le manque d’accompagnement dans la production de sel et dans l’agriculture, car elles soutiennent que leurs localités ne disposent pas de machines agricoles pour accompagner les femmes dans la production ou la transformation de sel qui génère des ressources additionnelles. Elles ont rappelé que la région de Sédhiou peut exporter du sel avec les potentialités qu’elle a.