La prise en charge de la santé mentale reste le parent pauvre de la prise en charge dans la gestion des pathologies. Un département dépourvu tant de ressources humaines que de structures hospitalières et de médicaments. Elle reste ainsi le parent pauvre de la politique sanitaire du pays.
Le gouverneur de la région de Diourbel, Ibrahima Fall, a plaidé, mardi dernier, pour l’ouverture d’un centre psychiatrique dans cette région, en vue d’assurer une meilleure prise en charge des malades mentaux. L’exécutif régional de Diourbel a fait cette demande dans les colonnes de l’Agence de presse sénégalaise (APS). Cette même réalité, elle le partage avec toutes les régions du Sénégal qui ont du mal à prendre en charge la santé mentale, particulièrement celle des malades errants. Les quelques régions qui détiennent un centre psychiatrique comme Dakar, Thiès, Ziguinchor, Fatick, Saint-Louis, Tambacounda, entre autres, peinent à faire fonctionner leurs services ou leurs centres, faute de personnels qualifiés mais aussi à cause des différentes ruptures notées dans le cadre la disponibilité des médicaments.
Les budgets qui leur sont alloués sont très souvent en-deçà des objectifs. Ce qui plonge ce service dans une situation de délabrement avancé et de précarité dans le domaine de l’approvisionnement en intrants.
Certains locaux ne sont plus en état d’accueillir des malades. C’est le cas du centre psychiatrique situé à l’hôpital de Fann. Les cases souvent utilisées comme des chambres d’isolement pour calmer les ardeurs de certains malades sont presque impraticables. Les quelques chambres existantes sont utilisées pour l’hospitalisation des cas moins graves, comme des troubles de dépression ou des cas de folie minime.
Par manque de moyens financiers et de ressources humaines qualifiées, beaucoup de familles se voient refuser leur demande d’interner leurs malades, sous prétexte qu’il n’y a pas de place. La majorité des cas est suivi en ambulatoire ou encore au sein de la médecine externe.
38 PSYCHIATRES, 13 LITS D’ISOLEMENT ET 43 LITS D’OBSERVATION… POUR LES HOSPITALISATIONS
Rappelons que dans l’attelage du ministère de la Santé et de l’Action sociale, la Division de la Santé mentale (Dsm) fait bien partie de la Direction de la Lutte contre la maladie (Dlm) qui appartient à̀ la Direction générale de la Santé publique (Dgs). Malgré la nomination d’un chef de Division au niveau de la Santé mentale, ce dernier a du mal à dérouler sa mission de promouvoir le bien-être, avec une approche multisectorielle et pluridisciplinaire, afin d’assurer la prévention et la prise en charge des troubles mentaux basées sur une pleine participation de la communauté́.
Aujourd’hui, les acteurs de la lutte reconnaissent les efforts du gouvernement, avec la modernisation des services, l’augmentation des budgets. Certes ! Cependant, les ruptures de médicaments et les problèmes de ressources humaines plombent les acquis. Les pathologies neuropsychiatriques peuvent surgir à tout moment de la vie, selon les professionnels de la maladie. Elles peuvent être dues à un excès de stress, à un traumatisme post-partum, des facteurs héréditaires dont une maladie mentale, l’environnement et la culture dans lesquels la personne vit ou encoure un problème de santé affectant le cerveau.
Seulement, au sein de la société, parler de maladie mentale revoie à une démence. Selon une étude réalisée sur la santé mentale dans notre pays, le Sénégal comptait 38 psychiatres au cours de l’année 2019, soit une augmentation de 03 psychiatres. «Nous notons qu’il y a une prédominance des psychiatres de l’adulte et une faible représentativité́ de neuropsychiatres et neuroanatomistes», a relevé cette étude de l’université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar. La dite étude fait ressortir une faible proportion de cellules d’isolement (13 lits), montrant ainsi des difficultés que les structures rencontrent pour admettre les malades mentaux errants. Par ailleurs, 43 lits d’observation ont été́ aménagés pour l’hospitalisation de jour et la surveillance courte pour certains patients.
LES ACQUIS DANS LE SYSTEME
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal a renforcé les acquis dans ce domaine, en intervenant sur plusieurs axes pour 2019-2020 dont le renforcement d’un leadership et d’une gouvernance efficace dans le domaine de la Santé mentale. S’y ajoute le renforcement des services et des stratégies de promotion, de prévention et de prise en charge en matière de Santé mentale. Il y a aussi l’accompagnement des acteurs communautaires pour accélérer le développement de la Santé mentale, le renforcement du système d’information et la recherche en matière de Santé mentale. Il y a enfin la promotion et la création de centres d’apprentissage adaptés aux personnes handicapées.