Au sein même du parti présidentiel, plusieurs voix s’élèvent contre l’attitude du chef de l’Etat pendant la campagne électorale : il n’a jamais adoubé publiquement son propre candidat.
Il a été le personnage central de cette élection à laquelle il ne concourrait pas, une ombre planant sur un scrutin en forme de référendum sur son bilan à la tête du Sénégal. Macky Sall a certes renoncé, en juillet 2023, à briguer un troisième mandat, mais nombreux dans son propre camp voient en lui le premier responsable de la défaite d’Amadou Ba, son ancien premier ministre qu’il avait choisi pour lui succéder, face à Bassirou Diomaye Faye, un novice en politique, tout juste sorti de prison pour triompher à l’élection du 24 mars.
Tant par loyauté que par crainte, les critiques contre cet « omniprésident » ont longtemps été tues. Il est toujours à la tête du parti Alliance pour la République (APR) et de la coalition qui domine l’Assemblée depuis douze ans. Mais, au crépuscule de son règne, les langues se délient pour autopsier le cataclysme électoral.
« Le président a joué contre son propre camp, s’étrangle un responsable d’une section nationale du parti, encore hébété par le raz-de-marée qui a emporté leur candidat, Amadou Ba. Sur le papier, cette élection était imperdable. Nous avions l’appareil d’Etat, l’argent, le rouleau compresseur de notre coalition et un bilan matériel élogieux. Qu’avait-il à saboter notre candidat, alors même qu’il l’a choisi ? »
Le Monde