Notre pays poursuit sa course folle vers l’abîme sous la conduite du Président-putschiste qui n’a aucun désir de terminer son mandat.
La fin du mandat présidentiel devrait être un moment de réconfort, d’introspection, de joie d’avoir accompli sa mission, d’adieux ponctués de pleurs de nostalgie anticipée.
Il y a un paradoxe tragicomique. Le Président putschiste fait tout pour ne pas partir et le peuple médusé, lui exprime son indifférence et sa défiance.
Le Sénégal du mois de février 2024 est psychologiquement mal en point.
Xol yi néexuñu ! On se sent pas bien !
D’habitude serein face aux vicissitudes de la vie, les habitants de Sunugal dépriment, deviennent colériques, ont les nerfs à fleur de peau.
Raillés pour leur manque d’humilité, ils se réfugient dans leurs petits souliers atteints dans leur estime de soi par tant d’agressions à leur État de droit qui était au sommet de leurs sentiments de supériorité par rapport aux autres Nations.
Ils ne peuvent plus toiser citoyens des grands pays démocratiques.
Ils sont même ridiculisés par les habitants de petits pays à qui ils avaient l’habitude de faire la leçon.
Le Président-putschiste n’a pas de limite en ces temps de destruction effrénée de nos bijoux de famille, de nos raisons d’être heureux.
Depuis longtemps les Sénégalais ont renoncé au plaisir d’un enrichissement licite. Ils ont compris que l’argent était l’apanage des femmes et des hommes du pouvoir, leurs familles et leurs amis.
Ils se sont réfugiés dans les joies stoïques que procurent le bon voisinage, les événements familiaux, les fêtes sportives, les activités religieuses et les passions que leurs procure la vie des stars interplanétaires qu’ils envient.
Nos vies se sont asséchées comme se sont flétries nos joies de vivre, notre gaieté naturelle et l’exubérance de nos éclats de rire.
Notre confiance naturelle à l’autre s’est évanouie laissant la place à la méfiance et à la crainte de toutes les personnes.
Nous ne sommes plus nous-mêmes, nous sommes devenus des voyageurs sans destination, égarés dans une forêt inconnue.
Le Président-putschiste a conscience, au crépuscule de son pouvoir sans limite et sans frein, du tord immense qu’il a porté à nos corps meurtris et à nos esprits brimés.
Il sait que tout fini par des souvenirs. Pour lui tout finira par des affreux souvenirs, par l’impossible retour à la vie normale avec les pauvres gens.
Il redoute l’inévitable face à face avec la population lorsqu’oté de la toge et des lambris du pouvoir, il devra croiser les yeux inquisiteurs des populations qu’il toisait.et maltraitait.
L’enfer des autres est déjà dans son subconscient.
Le Président-putschiste veut effacer le passé. Il veut absoudre ses péchés.
Il veut par effraction intégrer le paradis des années interminables à venir, sans pouvoir, à la merci des jugements des pays aux lois de compétences universelles, à la merci du retour à la vie ordinaire, du xéelu, du ciibatu, du jeppi des Sénégalais qu’il ne manquera pas de rencontrer partout où il ira se réfugier.
Il y a eu des assassinats, beaucoup trop d’assassinats. Il y a eu des crimes économiques, beaucoup trop de crimes économiques. Il y a eu des injustices notoires, des abominables jugements à la tête du client, des forfaitures, des accaparements injustes et violents de terres, de biens, de femmes d’autrui et d’enfants.
Il y a eu des humiliations d’hommes, de femmes, de familles, d’ethnies, etc.
Beaucoup de personnes ont perdu le goût de la vie, l’espoir de vivre heureux dans leur pays.
Pour sauver leur honneur et leur dignité, beaucoup de nos compatriotes se sont exilés.
Ils ne sont ni des exilés politiques encore moins des exilés économiques. Aucune classification de réfugiés ne peut intégrer leur statut.
Il est impossible de lister les torts que le Président-putschiste a créé, suscité et entretenu.
Maintenant qu’il doit partir, il veut tout effacer de notre mémoire, procéder à un lavage de cerveau brutal comme furent brutales ses actes injustes.
Il veut pardonner et faire pardonner à ceux qui ne demandent pas pardon mais qui crient à tue-tête justice, justice!
À quoi sert un pardon factice s’il n’y a pas réconciliation ?
En fait nous ne sommes pas au temps des comptes et mécomptes mais au temps de la pacification de l’espace politique.
Il faut libérer l’ensemble des prisonniers politiques jusqu’à Maître Moussa Diop, le candidat Bassirou Diomaye Faye et le Président Ousmane Sonko.
Le temps viendra, lorsque le Président-putschiste quittera pour de bon le pouvoir, le temps de la vérité, de la justice, de la réparation et de la réconciliation.
L’oubli n’existe pas face à la cruelle injustice.
Seules la vérité et la justice peuvent apaiser les cœurs, atténuer les rancœurs et rendre la mémoire moins cruelle.
Dakar, mercredi 29 février 2024
Prof Mary Teuw Niane