Du jamais vu dans l’histoire politique tumultueuse de notre pays. L’opinion publique sénégalaise, sous la pression intense d’une partie des médias, d’une partie de la classe politique et de la société civile, est poussée à l’abandon des principes élémentaires de la morale et de la démocratie. Au fur et à mesure des péripéties de l’élection présidentielle, nous assistons médusés aux surgissements des événements scandaleux.
Certains acteurs cités plus haut font tout pour que l’opinion ne s’attarde pas sur ces faits afin d’aller vite aux élections dans n’importe quelle condition. Nous vous proposons ici trois exemples majeurs et sidérants :
- Le Conseil constitutionnel mis en cause
Deux membres du Conseil constitutionnel sont nommément accusés de
corruption par le parti démocratique sénégalais. L’un d’entre eux a porté plainte.
Il est dit que cette plainte est de nature à bloquer la commission parlementaire
compte tenu des dispositions de l’article 48 du règlement intérieur de
l’Assemblée nationale. Normalement, du fait de l’urgence de la question et de
l’enjeu électoral qui en découle, on devrait en parler davantage au niveau des
médias et en discuter beaucoup au niveau de l’opinion. Il n’en est pas question
pour le moment. Bizarre non ?
L’autre membre du Conseil constitutionnel nommément mis en cause s’est
emmuré dans un silence parfait, comme si de rien n’était. Or, c’est le même
organe vers lequel on se tourne pour arbitrer l’élection présidentielle, c’est-àdire l’élection la plus cruciale du devenir de la Nation. Comme l’a si bien répété
le candidat Mouhamed Boun Abdallah Dionne, comment aller à l’élection
présidentielle si l’organisme principal chargé d’arbitrer et de réguler cette
élection est suspectée par les acteurs politiques ? - L’article 34 du Conseil constitutionnel a été tronqué
Le Conseil constitutionnel, se basant sur l’article 34 de la Constitution a pris
acte du retrait de la candidature de Madame Rose Wardini (pour bi nationalité)
et modifié la liste des candidats.
Le Conseil constitutionnel a omis la dernière phrase de l’alinéa premier de
l’article 34 qu’il évoque : cette phrase volontairement omise est d’une
importance capitale car elle dit que : « LA DATE DU SCRUTIN EST
MAINTENUE ». QUESTION : La date de quel scrutin est maintenue ?
Comment une institution qui est garante de la crédibilité des élections peut faire
dire quelque chose qui est contraire à l’esprit et à la lettre d’une disposition
explicite de la Constitution ?
La conclusion est la suivante : le Conseil constitutionnel peut interpréter les
dispositions de la Constitution. Ce sont ses prérogatives ; mais en aucun cas,
il ne peut pas tronquer une disposition constitutionnelle votée par le peuple
sénégalais. S’il doit en faire cas, il doit les libeller fidèlement, quitte après dans
ses commentaires souverains, à l’interpréter et l’orienter.
L’esprit et la lettre de la Constitution ne doivent être, en aucune manière,
tronqués. Dans un pays normal, une telle posture de la part d’un Conseil
constitutionnel allait soulever un débat public virulent et une protestation vive et
continue. - Question de nationalité : le parjure des candidats
Tous les candidats ont juré sur l’honneur de ne posséder qu’une nationalité
exclusivement sénégalaise. Depuis la présentation de la liste des candidats,
des cas de parjure se révèlent au fur à mesure. Une candidate s’est ainsi
désistée et a présenté sa démission. Un deuxième candidat dont le nom a été
publié dans la presse serait détenteur d’un passeport français. Ce candidat se
contente, pour le moment, d’un démenti verbal, sans plus, c’est-à-dire sans
apporter une preuve écrite ou un document officiel prouvant la fin de son
allégeance à l’Etat français.
C’est une question très grave. Toute personne qui veut diriger le Sénégal doit
être d’une moralité rigoureuse. Le parjure est intolérable. L’opinion est vivement
interpelée. Certaines forces pressées d’aller aux élections veulent que les
citoyens ferment les yeux sur cette question même si d’autres cas de parjure
devaient se révéler. C’est inacceptable ! Cela ne doit pas être accepté.
*Moussa BA,
Président du Mouvement Citoyen pour la Défense de la Démocratie
Parcelles Assainies.