Après le premier coup d’État du Président-putchiste et la décision historique du Conseil constitutionnel, de partout, des hommes et des femmes de mauvaise foi, les courtiers des intérêts personnels, les propagandistes du coup d’État institutionnel raté, les griots de l’impossibilité de la tenue des élections présidentielles d’ici le 2 avril 2024, ont embouché la grande trompette pour un large dialogue, pour une concertation sans exclusive, en vue, d’obtenir par la fenêtre, ce qu’ils n’ont pas pu obtenir par la porte, le report anticonstitutionnel des élections présidentielles et l’allongement du mandat du Président de la République qui viole les clauses d’éternité de notre Constitution.
Tout ce vacarme, qui nous casse le tympan, n’a qu’un et un seul but : légitimer un refus du Président-putchiste d’appliquer les décisions du Conseil constitutionnel dont il a pris acte à travers un communiqué signé, en son nom, par un de ses ministres et, par conséquent, violer à nouveau les dispositions de notre Constitution.
Tous ces saltimbanques, venus d’horizons divers, des rangs du pouvoir, des encagoulés de l’opposition, des rangs des médiateurs particulièrement bavards pour leur mission connue pour son emblématique discrétion et, évidemment, des grands experts de la dé-construction institutionnelle et des habiles tailleurs des rapiècements constitutionnels, sont unanimes, pour habilement, nous faire comprendre, qu’il est impossible d’organiser les élections présidentielles d’ici le 2 avril 2024.
Ils essaient, par monts et vaux, de nous convaincre qu’à l’impossible nul n’est tenu.
Ils disent, à qui veut les croire, que le Président-putchiste est animé de bonne volonté, qu’il souhaite céder le pouvoir, mais que les délais sont trop courts, qu’il y a tellement de candidats spoliés et, en fin de compte, qu’il y a de nouveaux obstacles constitutionnels et législatifs qu’il est impossible de lever en un temps si court.
Pour surmonter toutes ces difficultés, le Président-putchiste doit dialoguer, se concerter, arriver à un consensus qui arrange tout le monde.
La Constitution, disent-ils, ne doit pas être un obstacle à leur dessein malsain.
Ils oublient que nous sommes actuellement dans le temps des élections, le temps des candidats reconnus par le Conseil constitutionnel. Durant cette période, ce sont eux les seuls interlocuteurs légitimes du Président de la République et des autorités en charge des élections.
En réalité, toutes ces voix mielleuses, tous ces messies de la bonne cause veulent juste arriver à une seule chose : le consensus national autour de la violation concertée et consensuelle de notre Constitution et, en arrière plan, la prolongation prohibée du mandat du Président de la République.
Et aussi, confondre l’opposition véritable dans ce marchandage diabolique pour obtenir son discrédit alors qu’elle est en passe de gagner ces élections dès le premier tour.
Personne n’est dupe !
Cette vague bruyante, anticonstitutionnelle, politico-médiatique et médiatisée, n’est que l’onde porteuse du second coup d’État que la lenteur des actes posés par le Président-putchiste, depuis la proclamation des décisions du Conseil constitutionnel, fait supputer.
Notre Constitution n’est pas la serpillière sur laquelle n’importe quel va-nu-pieds peut s’essuyer les talons.
Nous sommes, à nouveau, à un tournant de notre histoire, défendre becs et ongles notre Constitution, ou bien, accepter que la trame d’un nouveau putsch prenne forme sur le lit de soi-disants bons sentiments, de bonnes intentions, pour en réalité défaire définitivement la victoire du peuple Sénégalais à travers les décisions salutaires et historiques du Conseil constitutionnel du vendredi 16 février 2024.
Les morts et les blessés des manifestations contre le coup d’État seraient ainsi passés en perte et profit.
Les oiseaux de mauvaise augure, les porte-voix de l’anéantissement de l’intelligence féconde des Sénégalais, les plumitifs de l’assujettissement de notre peuple à la classe politique dominante et aux intérêts qui l’asservissent, les voyous de la République, de la justice et de la liberté, ont, cette fois-ci, dans un dernier sursaut de survie, uni leurs forces, toutes leurs voix, l’ensemble de leurs stratagèmes.
Ils espèrent abattre à jamais la volonté du peuple sénégalais de lutter pour le respect de sa Constitution.
Ils croient qu’ils peuvent aveugler les Sénégalais, assourdir les oreilles en alerte de la population et couper la langue aux citoyennes et aux citoyens.
Unis, rassemblés, la main dans la main, nous devons réaffirmer haut et fort, jusqu’à ce que les vaisselles bruissent sur les tables, dans les commodes et dans les armoires où elles sont posées, que les klaxons résonnent dans les rues à briser les tympans, que les élections doivent de tenir avant le 2 avril 2024 et que le Président-putschiste doit, le 2 avril 2024, remettre le pouvoir à son successeur élu.
C’est ainsi que nous devrons réussir à imposer le respect de notre Constitution et par conséquent le respect de notre honneur et de notre dignité par les autres peuples des pays démocratiques de l’Afrique et du monde.
Il n’y a plus que deux camps : le camps des putschistes anticonstitutionnels et le camps des vaillants défenseurs de notre Constitution.
Préférons succomber par la guillotine de la dignité, de la vertu et de l’honneur plutôt que sous les baves avilissantes des guerriers bruyants des causes sataniques anticonstitutionnelles.
On nous tue, on ne nous déshonore pas !
El pueblo unido jamàs sera vencido !
Dakar, lundi 19 février 2024
Professeur Mary Teuw Niane