Les manifestations contre le report de la présidentielle ont déjà fait trois morts. La liste macabre continue ainsi de s’allonger après les évènements de mars 2021 et ceux de mars et juin 2023, sans que des enquêtes soient ouvertes pour situer les responsabilités. L’engagement pris par l’Etat de faire la lumière, n’a pas toujours connu d’avancées. Aucune commission d’enquête n’a vu le jour, plus d’une année après la promesse du ministre des Forces Armées de l’époque, Sidiki Kaba.
Le report de la présidentielle a déjà occasionné trois morts, des jeunes à la fleur de l’âge, emportés par des balles perdues. Landing Camara Diedhiou (18 ans) atteint à Ziguinchor, Alpha Yoro Tounkara 22 ans, étudiant en deuxième année de Licence 2 de Géographie à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, a lui aussi perdu la vie après avoir reçu une balle. Le marchand ambulant Modou Gueye (23 ans) est atteint à Colobane sur son chemin de retour du travail. Bientôt une semaine après ces décès, qui sont la conséquence des manifestations du vendredi 9 février dernier, aucune réaction officielle, à part les condamnations de politiques, d’organisations de défense de droits de l’homme et celle des Nations Unies (ONU).
Depuis mars 2021, le Sénégal vit une répression violente des manifestations. Plusieurs manifestations ont été notées après la convocation du leader du Pastef (dissout), Ousmane Sonko, dans l’affaire dite de Sweet Beauty. Plus d’une dizaine de personnes y ont perdu la vie. Le ministre des Forces Armées, Sidiki Kaba, avait annoncé, à l’époque, exactement en avril de la même année, la création d’une Commission d’enquête indépendante et impartiale. «C’est une commission ouverte et les membres de l’opposition et de la société civile pourront y être, pour que cette commission puisse travailler en toute indépendance sur ce que les uns ou les autres ont eu à faire», disait-il. Plusieurs mois après cette annonce, il n’en est rien ; aucune commission n’a vu le jour ; les familles continuent d’enterrer leurs victimes sans aucun espoir que le (ou les) coupable soit identifié et puni, conformément à la loi.
La condamnation du maire de Ziguinchor pour corruption de la jeunesse dans cette affaire, a aussi occasionné des décès, en juin 2023. Le 4 juin 2023, après les violentes manifestations, la Police nationale a tenu une conférence de presse pour révéler la «présence de forces armées parmi les manifestants» justifiant les morts par balle. Seulement, des vidéos postées sur les réseaux sociaux ont attesté que les hommes incriminés opéraient à côté des Forces de défense et de sécurité (Fds). Depuis lors, aucune suite n’est donnée à cette «présence de civils armés», en dépit des nombreux reportages sur la question montrant ces personnes à bord de Pick-up aux côtés d’homme en tenus de Fds, sillonnant les rues de la capitale lors de ces événements.