La base militaire pourrait servir de quartier général pour les troupes russes déployées dans plusieurs pays africains, dont le Mali, la Libye et le Burkina Faso.
La Russie construira une base militaire russe en Centrafrique, où le nombre de militaires russes qui contribuent à la formation de l’armée et à la lutte contre les groupes rebelles a presque doublé depuis septembre 2023, a rapporté Bloomberg, mardi 30 janvier, citant un conseiller du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra.
« La base militaire (russe) sera construite. Nous avons beaucoup de Russes ici. Il est nécessaire de leur fournir une base », a déclaré Pascal Bida Koyagbele, conseiller principal du chef d’Etat centrafricain, indiquant que « l’emplacement exact de la base reste top secret » et que le gouvernement « est encore en train d’analyser plusieurs sites ».
M. Koyagbele a également révélé que le nombre de militaires russes en République centrafricaine a presque doublé depuis septembre 2023 pour atteindre près de 2000 hommes, ce qui montre que la coopération avec la Russie en matière de sécurité « s’est intensifiée».
La Centrafrique, où des mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner assurent depuis 2018 la protection du président Touadéra et contribuent à la formation de l’armée et à la lutte contre les groupes rebelles, devrait ainsi abriter la première base militaire russe en Afrique.
Cette base pourrait même servir de quartier général (QG) régional pour les troupes russes déployées dans plusieurs pays africains. Dans un entretien publié le 29 mai 2023 par le quotidien russe Izvestia, l’ambassadeur de la République centrafricaine à Moscou, Léon Dodonu-Punagaza, avait annoncé que Bangui était prête à accueillir une base militaire qui pourrait abriter jusqu’à 10 000 soldats russes, tout en indiquant que ces hommes pourraient être utilisés dans d’autres pays.
« Notre pays a été le premier du continent africain à résister aux Français. Mais aujourd’hui, nous avons besoin d’une base militaire russe, où des militaires russes seraient présents à hauteur de 5 000 à 10 000 hommes. D’ailleurs, en cas de besoin, ils pourraient être utilisés dans d’autres pays », a-t-il alors déclaré.
Outre la Centrafrique, les troupes russes sont déjà présentes dans plusieurs pays du continent, dont le Mali, la Libye et le Burkina Faso. Elles pourraient également débarquer prochainement au Niger après la signature, en décembre dernier, d’un accord dans le domaine de la défense entre les autorités militaires qui dirigent le pays depuis le coup d’Etat du 26 juillet et une délégation militaire russe.
Moscou a entrepris ces derniers mois le renouvellement de son dispositif africain sous le label Africa Corps, une nouvelle structure armée qui a repris les opérations africaines du groupe Wagner dont le fondateur, Evguéni Prigojine, a trouvé la mort en août 2023 dans le crash d’un avion après une rébellion avortée contre le Kremlin.
La Russie, qui s’efforce d’accroître son influence en Afrique, cherche depuis plusieurs années à installer sa première base militaire sur le continent. En 2017, le président russe Vladimir Poutine et son homologue soudanais, Omar El-Béchir, avaient signé un accord portant sur la construction d’une base navale à Port-Soudan, le principal port du pays. Cette base devait permettre d’accueillir 300 hommes et jusqu’à quatre navires de guerre. Mais le projet a été mis en veilleuse après la chute d’Omar El-Béchir en 2019. D’autant plus que Khartoum s’est rapproché, pendant cette période de transition démocratique, des chancelleries occidentales, bénéficiant d’un important soutien économique de la part des États-Unis.