L’équipe du Sénégal a pris ses quartiers (nuitamment), ce mardi, à Yamoussoukro, terre natale de Félix Houphouët Boigny, premier président de la République de Côte d’Ivoire. Depuis la disparition de ce dernier en 1993, cette ville qui fut, avec ses bâtiments pharaoniques, la capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire, se languit. Avec la Can, elle sort petit à petit de sa torpeur chronique et retrouve des couleurs, l’ambiance des grands jours.
YAMOUSSOUKRO – L’évocation de ce nom réveille moult souvenirs. Les plus nostalgiques penseront sans hésiter à feu Félix Houphouët-Boigny, père de l’indépendance ivoirienne. Le premier président de la Côte d’Ivoire avait un rêve : faire de son village natal la capitale ivoirienne. Comme l’ont été, par le passé, Grand-Bassam, Bingerville et Abidjan. Et laisser une trace indélébile de sa présidence. Son vœu s’est réalisé le 21 mars 1983. Pour l’histoire, c’est le village de N’Gokro que dirigeait, en 1901, la reine Yamousso, nièce de Kouassi N’Go, qui a été rebaptisé Yamoussoukro pour lui rendre hommage. Cependant, la décentralisation tant voulue par Houphouët n’a pas vraiment porté tous ses fruits ; l’administration ivoirienne n’ayant jamais vraiment pris ses quartiers à Yamoussoukro, lui préférant de loin Abidjan.
Aujourd’hui, la première chose qui frappe le visiteur qui débarque à Yamoussoukro, appelé familièrement « Yakro », ce sont les larges et interminables avenues, les bâtiments impressionnants, le plan d’urbanisme de cette gigantesque ville. La principale attraction demeure la Basilique Notre-Dame-de-la-Paix, qui charme le visiteur par sa grandeur et son élégance. Ce joyau architectural fait la fierté de Yamoussoukro. L’Hôtel du Président, la Fondation FHB, le Palais présidentiel, des édifices qui ont une valeur hautement symbolique, et le lac aux caïmans font aussi partie des attractions.
Malgré ce riche patrimoine hérité de la politique de Houphouët, Yakro, situé à 230 km de la grouillante capitale économique, vit dans un calme assourdissant. Une donne qui est en train de changer avec l’organisation de la Can. À l’instar d’Abidjan, de Bouaké, San Pedro et Korhogo qui accueillent la compétition, Yamoussoukro également, baigne dans une saine ambiance. Elle a repris vie, des couleurs et de l’atmosphère. Yakro offre l’hospitalité au groupe C dans lequel figurent deux champions d’Afrique : le Cameroun et le Sénégal. Mais aussi deux équipes ambitieuses et pas des moindres : la Guinée et la Gambie. Ces quatre pays partagent en commun, leur amour du football mais aussi leur capacité à mobiliser. Déjà, le Sénégal, champion d’Afrique en titre, a pris ses quartiers à Koro, après avoir reçu le drapeau à Dakar, des mains du Président Macky Sall. Ses nombreux supporters établis en Côte d’Ivoire ont sonné la mobilisation.
Selon Papa Samba Lam, l’un des responsables de la communauté sénégalaise à Treichville, toutes les dispositions ont été prises pour une meilleure mobilisation derrière l’équipe. Hier, ils avaient effectué le déplacement à Yamoussoukro pour accueillir les « Lions » qui logent dans le même hôtel que le Cameroun. Les deux équipes s’affrontent le 19 janvier dans un duel de « Lions » qui s’annonce explosif. L’équipe de Rigobert Song, qui disputait, hier, un match amical contre la Zambie (1-1) est attendue aujourd’hui, dans la capitale politique ivoirienne. Quant à la Guinée et la Gambie, elles sont attendues incessamment à Yamoussoukro qui baigne dans une belle ferveur. Une situation loin de déplaire aux autochtones.