Dernier fils khalife de Serigne Touba sur terre, Cheikh Saliou Mbacké (Khalife 1990-2007) a quitté cette terre le 28 décembre 2007. Qui était ce saint homme de Dieu, ami de la jeunes générations et amoureux de la terre en tant que cultivateur. Il était un soufi.
Serigne Saliou Mbacké
C’est en 1915 que Serigne Saliou Mbacké a vu le jour à Diourbel. Il était le cinquième Khalife de la communauté mouride et par ailleurs dernier fils de Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassou sur terre. Le nom de Saliou, prédestiné s’il en est, Saliou qui signifie la Vertu colle admirablement bien à ce héros de la communauté mouride.
Dès son accession aux fonctions de Khalife en 1990, après le bref magistère de Serigne Abdou Khadr, selon le site mourides.com, Serigne Saliou a tout de suite donné le ton en précisant, de façon claire et indubitable, la ligne qu’il entendait imprimer à son action à la tête de la Communauté mouride.
En effet, dans son mémorable discours inaugural, il a, d’emblée, indiqué que, hormis l’Islam et par conséquent la gestion de l’héritage de Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba, rien ne saurait retenir son attention, encore moins susciter de sa part commentaires ou directives quelconques. Les choses étaient claires et chacun savait désormais à quoi s’en tenir. Fidèle à cette « profession de foi », il est demeuré constant dans sa position, avec, comme unique préoccupation, la promotion de l’Islam à travers la fructification du legs de son illustre père.
Dans cette entreprise colossale, Serigne Saliou est servi, avec bonheur, par un connaissance insondable du Coran et des Sciences religieuses, une générosité incommensurable et une humilité indescriptible.
Homme très intelligent et très cultivé, il a une claire conscience des enjeux qu’implique sa mission de Khalife, et surtout, il mesure à sa juste valeur l’impact que la conjoncture internationale peut avoir sur le devenir de l’Islam dont il est l’un des plus ardents défenseurs. Très ouvert à la modernité et au progrès, il est cependant d’une fermeté inébranlable et d’une vigilance absolue dans sa croisade pour la défense de la pureté de l’orthodoxie musulmane, à l’instar de son père.
Un fait très révélateur de la hauteur de vue de Serigne Saliou et de sa détermination à marcher sur les traces de Cheikh Ahmadou Bamba dans le sens de la défense et de l’illustration de l’héritage de Seydina Muhammad (P.S.L.), sans autre considération, est l’acquisition en janvier 2002, à grand frais, d’un imposant immeuble à Taverny, en France. Qu’en a-t-il fait par la suite, lui qui sait qu’il ne mettra jamais les pieds en France ?
Il l’a tout simplement mis à la disposition de tous les musulmans qui peuvent y pratiquer, comme il l’a fait préciser, leur religion dans la paix, dans l’amour et le respect de l’autre et en parfaite conformité avec les lois de la République. Le détail est important. N’est-ce pas là la vraie image de l’Islam universel ? C’est un Islam à hauteur d’homme, fondé sur les valeurs de la paix, de la solidarité, de l’amour du prochain, de la noblesse des sentiments, du dépassement. C’est un Islam qui n’est synonyme de panarabisme mais simplement humain, qui ouvre les bras, sans distinction, à toutes les diverses composantes de l’humanité. C’est un Islam expurgé de tous les germes de la violence, de la discrimination et de l’intolérance, respectueux des lois et qui ne peut, en aucun cas être une menace pour la stabilité de la société.
En réalité, c’est ça le véritable héritage de Cheikh Ahmadou Bamba que Serigne Saliou. Il fut un soufi. Une personne qui a tourné le dos à toutes les choses mondaines. Seul l’expansion de l’islam et le maintien du legs de son père lui tenaient à cœur. Il fut un grand cultivateur. L’exemple des champs de Khelcom forts de 45 000 ha, en est une parfaite illustration. Ils étaient tellement immenses qu’il confiait les travaux champêtres à des familles de Touba. Il a eu à former des milliers de jeunes à la mémorisation du Saint Coran et de la sounna. Ce n’est pas ceux qui ont fait ceux de Ndiourel, Ngott, Ndiapndal, Ndiouroul, Ndooka… qui vont dire le contraire.
De son vivant, rare fois qu’on pourrait le voir sans qu’il soit en train de lire le Coran ou les ‘’Khassida’’.
Il a mis en œuvre un plan de viabilisation de terrains d’environ 100 000 parcelles et un réseau d’électrification de la ville. De même, des canalisations ont été construites pour une meilleure évacuation des eaux de pluie. Il était la réincarnation parfaite de Serigne Touba. Son désintéressement vis-à-vis du clinquant de cette vie, laissait comprendre aux gens quelque peu avertis, que tout ce qui a une fin, une finitude, ne doit pas être considéré comme durable, réellement. Il avait la plus grande attention pour la famille de Serigne Touba.
Jusqu’à son avènement à la tête de la confrérie, il avait régulièrement remis aux différents khalifes l’intégralité du produit de ses champs : il n’a jamais «goûté» à ses récoltes.
Après son rappel à Dieu le 28 octobre 2007, c’est son fils Cheikh Saliou qui a pris le relais. Depuis lors, il a mis son pied là ou l’avait son père.