Après le bombardement meurtrier qui a touché un hôpital de Gaza et fait plusieurs centaines de morts, des milliers de personnes sont descendues dans la rue dans le monde arabe pour dénoncer les bombardements massifs sur la bande de Gaza.
Mardi soir, des centaines de Palestiniens se sont rassemblés dans les principales villes comme Hébron, Ramallah, Naplouse, Tulkarem, Bethléem, Tubas ou encore Jénine. La plupart des rassemblements ont tourné en violents affrontements avec la police palestinienne, rapporte nos envoyés spéciaux, Alice Froussard et Alexandre Abergel.
Dans la ville de Jénine, c’est le choc lorsque les habitants apprennent pour cet hôpital frappé à Gaza. Très vite, les mosquées de la ville résonnent et appellent à un rassemblement massif. « Le peuple de Jénine n’accepte pas l’injustice ni la douleur du peuple de Gaza. Cette manifestation est organisée pour protester contre les crimes de guerre qu’Israël commet. Mais ici, à Jénine, l’Autorité palestinienne, ces traitres, ces espions, ont voulu la supprimer. Grâce à la résistance, nous avons pu garder la tête haute. Et que Dieu nous sauve d’Abu Mazen et de son autorité », raconte un homme. Dans la rue, les manifestants scandent « dégage » en chœur et demandent la démission de Mahmoud Abbas, le président de l’autorité palestinienne.
Et la tension monte d’un cran lorsque les jeep de l’autorité palestinienne font irruption dans la ville. La police lance des gaz lacrymogènes et les échanges de tirs sont nourris. Certains en direction de la foule. « Ils ont commencé à tirer et tous les gens ont commencé à fuir. Les gens sortaient juste en soutien à Gaza mais l’autorité palestinienne n’est même pas capable de protéger son peuple face à toute cette oppression », ajoute un autre. Une fillette a été touchée. Elle a succombé à ses blessures dans la soirée.
« Il n’y a plus de conscience, plus d’humanité »
Pendant ce temps, à Beyrouth, c’est devant l’ambassade de France que plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés face à un important dispositif de sécurité, rapporte notre correspondante, Sophie Guignon. Parmi eux figurent Rola Jaber. Elle est venue spontanément après avoir appris la destruction de l’hôpital Ahli Arab de Gaza. « Descendre dans la rue, c’est le minimum que l’on puisse faire. Il faut que le monde entier se soulève. Il n’y a plus de conscience, plus d’humanité », se désole-t-elle.
Un keffieh sur les épaules, Sumaya Abdelrahman, étudiante palestinienne à Beyrouth, interpelle la communauté internationale : « Où sont les Français, les Américains, les Britanniques, mais où regardent-ils ? les Israéliens bombardent des hôpitaux, ce n’est pas possible ! Il y a des malades, des blessés dedans ».
Des manifestants hissent un drapeau palestinien sur la façade de l’ambassade de France. Pour eux, le soutien inconditionnel de Paris à Israël ne passe pas. « La France est l’un des pays qui soutient Israël, comme si Israël avait plus de droits et serait victime. C’est pour ça qu’on est venu, au début, chez les Français et on va faire le tour des autres ambassades », estime Mohamad. Au même moment, un autre rassemblement avait aussi lieu devant l’ambassade américaine.
« Le renvoi de l’ambassadeur est un devoir »
Les mêmes critiques ont émanés de manifestations en Iran. Des centaines de manifestants se sont rassemblés devant les ambassades de France et du Royaume-Uni à Téhéran après un rassemblement sur la place de Palestine. « Mort à la France et à l’Angleterre », ont crié des manifestants en lançant des œufs sur les murs de l’enceinte de l’ambassade.
Le président iranien Ebrahim Raïssi a décrété une journée de « deuil public » mercredi et a prédit que l’attaque contre l’hôpital allait se retourner contre Israël et son allié américain. « Les flammes des bombes américano-israéliennes, larguées ce soir sur les victimes palestiniennes blessées à l’hôpital (…) à Gaza, vont bientôt dévorer les sionistes », a déclaré M. Raïssi, cité par l’agence Irna. « L’Iran est en deuil », a-t-il ajouté.
Des milliers de manifestants se sont aussi rassemblés mardi soir devant l’ambassade de France à Tunis et ont réclamé le renvoi des ambassadeurs français et américain. « Les Français et les Américains sont les alliés des sionistes », ont scandé les manifestants en colère devant le siège de l’ambassade de France au centre de Tunis. « Le renvoi de l’ambassadeur est un devoir », « pas d’ambassade américaine sur le territoire tunisien », ont-ils crié, entouré d’un dispositif policier conséquent.
Dans la soirée, une foule importante s’est aussi rassemblée devant le consulat israélien à Istanbul, le poing levé, aux cris d’ « Allah akbar ! » (Dieu est grand !), a rapporté l’agence officielle de presse Anadolu.Une manifestation similaire réunissait simultanément quelque 500 personnes devant l’ambassade de l’État hébreu à Ankara, selon l’agence de presse Anka.
« Nous donnons notre âme et notre sang pour Gaza »
Aux cris de « non à Israël, et les États-Unis, le Grand Satan », des centaines de manifestants ont exprimé leur colère, place Tahrir, en Irak. Aux côtés des drapeaux palestiniens cette fois-ci se dressent majoritairement les étendards du Hashd el-Chaabi et différentes factions chiites proches de l’Iran. Mais d’autres groupes s’étaient aussi déplacés.
Le pont reliant la place Tahrir à la Zone Verte, où se trouve l’ambassade américaine, avait été barricadé et un important dispositif de sécurité déployé pour empêcher les manifestants d’en approcher. Le Premier ministre irakien a invité la population à observer un moment de recueillement, ce mercredi matin, pour rendre hommage aux victimes palestiniennes.
Plusieurs centaines de personnes sont sorties manifester leur colère mardi soir dans les villes libyennes, notamment dans la capitale Tripoli, selon des journalistes de l’AFP sur place. À Tripoli, des centaines de manifestants de tous âges, brandissant des drapeaux palestiniens et se couvrant pour certains le visage avec des keffiehs palestiniens, ont sillonné les artères du centre-ville avant de converger vers la place des Martyrs, scandant des slogans de soutien aux habitants de Gaza et dénonçant la frappe contre l’hôpital à Gaza par « l’ennemi sioniste ». « Nous donnons notre âme et notre sang pour Gaza », ont-il scandé à Tripoli comme à Misrata, une ville située à 200 km plus à l’ouest.
« AFP »